La Maison européenne de la photographie (MEP) inaugure la saison 2019 sous le signe du changement en mettant à l’honneur deux jeunes artistes internationaux. Les œuvres de l’Espagnole Coco Capitán et du Chinois Ren Hang sont à découvrir dans ses salles jusqu’au 26 mai 2019.
Jeunes, irrévérencieux et originaires de pays en pleine expansion, Ren Hang et Coco Capitán sont en vogue. Ils ont été choisis pour la première saison de la programmation de la MEP signée par Simon Baker, le nouveau directeur de la Maison. Coco Capitán, jeune artiste espagnole de 26 ans vivant à Londres, expose pour la première fois en France. Busy Living : Everything With Everyone, Everywhere, All of the Time est un parcours immersif constitué de photographies, peintures et textes inédits. On retrouve les aphorismes qu’elle diffuse sur les réseaux sociaux, les infrastructures à l’abandon de l’Ouest américain photographiées durant l’été 2017, les peintures de la série Art and Commerce after the Big Pop ou encore des photographies de mode décalées. Avec LOVE, Ren Hang, la MEP propose la première exposition posthume majeure de l’artiste disparu en 2017. Chacun des parcours réunit 150 images et révèle la sensibilité instinctive de ces deux jeunes artistes. Ren Hang et Coco Capitán questionnent les problématiques sociales contemporaines et réinterprètent à leur manière le corps, la jeunesse et la société de consommation. À travers des photographies, de la performance et du texte, ils proposent une vision alternative de la société. Des approches originales en quête d’une liberté absolue. Leurs visions mêlent réalisme et cynisme, poésie et critique. Pourtant, tous deux le font sans revendiquer leur posture subversive.
À g. © Courtesy of Estate of Ren Hang and OstLicht Gallery | À d. © Coco Capitán
Deux artistes en quête de liberté
Censuré et poursuivi par les autorités de son pays, mais célébré partout ailleurs dans le monde, Ren Hang était devenu un des photographes contemporains les plus prodigieux et provocateurs. Son travail montrait à la jeunesse chinoise qu’elle pouvait s’émanciper. Si son œuvre a souvent été définie comme de la pornographie, l’artiste expliquait ne jamais vouloir défier l’establishment politique. Dans ses photos de nus, aux accents surréalistes, les corps se tordent dans des compositions puissantes et pourtant fragiles. Dans une imagerie moins provocatrice, mais tout aussi espiègle, Coco Capitán réinvente aussi le rapport au corps en photographiant ses modèles dans des poses incongrues. Ces œuvres invitent à réfléchir : comment vivre dans le présent avec la peur du futur ? Comment vivre dans une société consumériste et oppressante ? Quel corps a-t-on et comment le montre-t-on ? « Ren Hang vivait dans un contexte qui ne lui permettait pas d’être libre. Pourtant, sa photographie évoque la liberté et reflète une capacité à regarder le monde d’un point de vue complètement différent », explique Coco Capitán, qui entretenait une relation épistolaire avec l’artiste chinois. Tous deux mêlent des écrits à leur œuvre picturale. Ren Hang dévoilait avec ses texte ses tourments. « Si la vie est un abîme sans fond, lorsque je sauterai, la chute sans fin sera aussi une manière de voler », écrivait-il en 2016. Parmi les aphorismes de Coco Capitán, on peut lire « What are we going to do with all this future ? » (« Qu’allons-nous faire de ce futur ? ») ou encore « How to stop existing without dying » (« Comment cesser d’exister sans mourir »). Des maximes marquées par une mélancolie exubérante. Entre beauté et subversion, les œuvres de ces deux artistes insufflent le vent de changement qui marque la nouvelle direction de la Maison européenne de la photographie.
© Coco Capitán
© Courtesy of Estate of Ren Hang and OstLicht Gallery