S’installer en Suède il y a six ans a été pour AdeY un vrai chamboulement : « Contrairement au Royaume-Uni, les questions autour du genre sont plus débattues en Scandinavie. Là-bas j’ai vraiment commencé à me questionner sur ma perception et mon rôle dans la société. » Sa démarche photographique a pris un tournant : il trouve ce qu’il veut montrer.
Déconstruire le genre
« Mon travail a pour but de remettre en question et de développer mes propres convictions. La photographie est ma façon d’exprimer des messages culturels et politiques auxquels je suis confronté dans le quotidien », explique le jeune homme. Son travail questionne et interroge la notion de genre, telle qu’elle est définie par les normes. Y a-t-il du sens à opposer un genre féminin et un genre masculin ? Y a-t-il seulement un genre féminin et un genre masculin ?
« À travers ma conception d’un genre neutre, j’espère que j’encourage le débat et les discussions sur ce sujet. »
Ses représentations de corps nus veulent aussi se confronter aux impératifs de beauté véhiculés par le marketing et les médias sociaux. Ce qu’il veut, c’est « désexualiser la nudité à travers un imaginaire et ma vision du corps comme un élément d’influence sur l’espace. » Les mises en scènes de ses photographies sont troublantes et prêtent parfois à la confusion.
Du théâtre en image
Les images d’AdeY sont minutieusement chorégraphiées. Il y a une scénographie pointilleuse dans la construction de ces photos, une forme de théâtralité inspirée de son parcours. Avant qu’il ne découvre la photographie et décide de s’y concentrer pleinement – c’était en 2004 – AdeY étudiait la danse contemporaine. Pendant 10 ans, il photographiait compulsivement son quotidien, ses amis, des performances et le milieu de la danse. En 2014, il découvre l’argentique; c’est une révélation. Cette même année, il se lance dans la photo de nu.
« L’argentique a modifié mon approche de la photographie et a renforcé ma connexion avec les sujets de mes photos. »
Ainsi en tant que photographe, il se donne tout autant que ses modèles – qui sont bien souvent des amis à lui : « Je parle beaucoup avant et pendant un shooting, essayant de donner à mes modèles le sens de ce que je veux réaliser. » Les séances durent généralement trois heures, épuisant six à sept pellicules. Le travail d’AdeY est remarquable. Le résultat est puissant, riche d’une beauté évocatrice : celle de corps libérés et égaux.
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Découvrez l’ensemble du travail d’AdeY sur son site : adey.se
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