Sportfoto se la joue collectif

14 septembre 2018   •  
Écrit par Anaïs Viand
Sportfoto se la joue collectif

Jusqu’au 4 novembre, à l’occasion de Sportfoto, un nouveau projet de Lille 3000, le sport et la photo envahissent Lille. Un, deux, trois partez… pour un tour d’horizon stimulant !

« On a décidé de mettre en valeur le sport et mettre à l’honneur les clubs de la ville », annonçait Martine Aubry, la maire de Lille, jeudi 6 septembre, à l’occasion de l’inauguration de Sportfoto. Avec ses 200 clubs de sport et ses 56 disciplines, Lille se targue d’être une ville sportive. « Nous sommes persuadés que ces images donneront envie aux jeunes et moins jeunes de faire du sport », poursuit la maire, convaincue des vertus positives des activités culturelles et physiques. « Ce thème est fascinant parce qu’il porte en lui tout ce qui peut donner lieu à une bonne image : la force esthétique, mais aussi la charge émotionnelle », précisent les commissaires d’exposition Jean-Denis Walter et Hélène Demicheli. Pour ce nouveau projet de Lille 3000, le duo a décidé de mettre en valeur trois disciplines : le foot, le cyclisme et la boxe.

Une immersion au pays du ballon

Le marathon commence au Tripostal avec une dizaine d’expositions consacrées au sport le plus pratiqué en France : le foot. Pour l’occasion, le sol s’est transformé en terrain vert et les employés de vestiaire ont vêtu leur maillot noir et blanc, devenus arbitres pour l’occasion. Une immersion au pays du ballon. Une dizaine de photographes révèlent des clubs plus ou moins renommés.

Les champions en devenir de Pauce, portraitiste parisien, s’intéresse à la pratique du foot dans les quartiers lillois, Lomme et Hellemmes. Le rôle du collectif est indéniable, en témoigne ses images grand format. Point d’honneur à l’équipe locale à travers trois expositions : LOSC, les années folles, 1946-1954, Losc, la grande année, 2011 et Losc, l’aventure continue, 2018. Pour ces deux dernières, les photographes de la Voix du Nord et de l’agence de presse Panaromic ont mis à disposition des images. Un dispositif intéressant dynamise la séquence : un écran diffuse en continu les images de l’équipe au fil des matchs. La coupe du monde 1998 est évidemment mise à l’honneur par les travaux de Stéphane Meunier et le film légendaire de Gilles Cayette, dans Les Yeux dans les Bleus.

Retranscrire un récit de société

Harald Hauswald a choisi de photographier le FC Union pour raconter la vraie histoire de la RDA et le photographe russe Sergey Novikov documente son pays à travers ses terrains de foot amateurs. Pour Cristina Aldehuela et Jordi Perdigo aussi, les jeux de balles sont un moyen de retranscrire un récit de société. Ce duo a photographié des joueurs de Lelo – un sport mystérieux mêlant religion et traditions. « Une fois par an en Géorgie, deux équipes venues de village différent s’affrontent. L’objectif ? Déposer le ballon de l’autre côté d’un ruisseau, en guise de présent à un personne décédée », résume brièvement Denis Walter. « À travers le sport, on peut tout raconter », précise ce dernier.

Le Tripostal accueille enfin quelques icônes de la photo de sport : Bob Martin ou encore Gérard Rancinan. Deux artistes inspirés par les Jeux olympiques.

© Christophe Lefevebre / La Voix Du Nord© Christophe Lefevebre / La Voix Du Nord

© Christophe Lefevebre / La Voix Du Nord

L’enfer du nord

Les Jeux olympiques sont d’ailleurs mis à l’honneur à la Gare Saint-Sauveur, un immense espace accueillant des événements de notoriété. Cyclisme d’abord. Avec les collections du Musée Olympique de Lausanne, le spectateur retrouver les temps forts des éditions d’été et d’hiver des JO de Paris (1924), de Los Angeles (1984) et de Rio (2016). L’occasion de (re)découvrir les puissants clichés de David Burnett qui magnifient les athlètes. Le visiteur pourra également revivre « l’enfer du nord », la course emblématique de la région, ou le Tour de France 2018. Émotions garanties pour tous les férus de sport, un brin nostalgiques.

La boxe, un sport photogénique

Prochaine étape ? Le Musée de l’Hospice Comtesse, dédié à la boxe et au sport de combat. Ici encore, les commissaires d’exposition ont tenu à planter le décor. Un ring trône au milieu de l’espace et à ses côtés, trois expositions consacrées au sport de combat. « Nous avons des clubs de boxe formidables » avait prévu plus tôt Martine Aubry. Samuel Lebon et Élodie Valentin ouvrent la danse avec Poids Plume, une série consacrée à Licia Boudersa, championne de France en boxe anglaise catégorie plume en 2016 et championne d’Europe en 2017. Un reportage mêlant mots et images. Le deuxième croché est signé Laurent Gudin. Ce photographe qui suit depuis 10 ans des sportifs de haut niveau présente, ici, des boxeurs après l’effort. Il capte chez ces sportifs tantôt terrifiants, tantôt touchants une grande palette d’émotions.

Plus loin, quelques clichés mythiques de Sports Illustrated (prestigieux hebdomadaire de l’histoire du sport) pour le troisième round. Parmi eux, le fabuleux cliché signé Neil Leifer représentant la victoire de Mohamed Ali le 14 novembre 1966, une photo arienne à la fois pure et puissante. « La perfection graphique », commente Denis. Les portraits flottants (clichés pendus au plafond) de Denis Rouvre finissent de nous achever. Décidément, la boxe est un sport photogénique qui mérite de se pencher davantage sur le sujet (articles à venir).

Simone Perolari joue sur tous les terrains puisqu’il expose ses Arbitres, diptyques consacrés à des sportifs de l’ombre, à la gare Saint-Sauveur et au musée de l’hospice comtesse comme dans les quartiers lillois. Parce que le sport se pratique aussi à l’extérieur, Sportfoto se déploie dans toute la ville.

© Philippe Pauchet La Voix Du Nord

© Philippe Pauchet La Voix Du Nord

© Cristina Aldehuela & Jordi Perdigo

© Cristina Aldehuela & Jordi Perdigo

© Gérard Rancinan

© Gérard Rancinan

© Bob Martin

© Bob Martin

© Denis Rouvre

© Denis Rouvre

© Samuel Lebon / Hans Lucas

© Samuel Lebon / Hans Lucas

Image d’ouverture © Bob Martin

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