Jusqu’au 20 août aux Deichtorhallen d’Hambourg se tient la rétrospective Secret of light dédiée à Ralph Gibson, l’une des figures les plus marquantes de la photographie internationale, pionnier de l’édition de livres d’artiste.
Cette vaste exposition, qui rassemble plus de 300 œuvres de l’artiste, nous invite à contempler les évolutions de la pratique de Ralph Gibson, des années 1960 à nos jours. Des photographies analytiques et numériques en noir et blanc aux photographies couleur, un large spectre d’œuvres, rassemblées en séries, y sont présentées. Cette rétrospective, qui prend place à la Halle für aktuelle Kunst des Deichtorhallen, a été pensée par la conservatrice Sabine Schnakenberg, en étroite collaboration avec l’artiste. Reconnu pour ses clichés énigmatiques, qui réfutent la conception de la photographie comme captation objective du réel, Ralph Gibson explore les divers possibles de la matière lumineuse, sondant avec magie des paysages inconscients.
De lumineuses chairs à géométrie variable
Le photographe dessine des paysages de peaux, façonnés par les contrastes entre la lumière, inondant les corps, et son antithèse, l’ombre, créant de sublimes reliefs. Par des cadrages inattendus, qui élaborent une poétique du zoom, des lignes graphiques et abstraites se forment. L’image se centre en effet sur des détails quasi-géométriques, des parties de chairs, nous empêchant d’estimer la totalité des scènes qui nous sont présentées, comme dans Day at sea, où des éléments de corps se superposent. Ces blasons, par nature incomplets, qui rendent impossible tout repère spatial, créent autour d’eux un mystère irrésolu.
On trouve également des clichés qui, cette fois tout en laissant le spectateur et la spectatrice apercevoir un décor, une perspective intelligible, sont doté d’une impénétrable aura. L’étrange clarté reluisant sur les mains des modèles dans les photographies issues de la série The Somnanbulist, nous plongent par exemple dans une atmosphère surnaturelle, teintée de mysticisme.
© Ralph Gibson