Photographe de mode et de publicité, Mark Elzey est aussi un brillant portraitiste. Immersion dans l’univers coloré et très humain du photographe américain, qui, invite à prendre le temps de se connecter aux autres.
« Je crois que la photographie m’a choisi sans que je le veuille. Parfois, la foudre vous frappe, et tout ce que vous avez vécu auparavant prend un sens. C’est comme si ma vie avait attendu ce moment-là précisément. La photographie me motive tous les jours », annonce Mark Elzey, un artiste né à Bogalusa, en Louisiane, et aujourd’hui installé à Brooklyn, à New York. De nature timide, ce besoin impérieux lui permet d’aller au contact des autres personnes. « La famille et les ami·e·s peuvent vous donner toute l’impulsion dont vous avez besoin, je reste persuadé que le désir de créer doit venir de l’intérieur. Nous fonctionnons comme des machines dénuées d’âme, habituées à catégoriser et ranger les individus dans des boites », ajoute celui qui milite pour une pratique artistique plus humaine. « Le portrait me permet de me connecter profondément. Je ressens un sentiment magnétique lorsque je suis en train de photographier quelqu’un. C’est comme si je pouvais voir son aura, les profondeurs de sa personnalité. J’aime voir comment l’image peut refléter la connexion que j’ai avec mes modèles ». En témoignent ses images poignantes. Dans sa pratique, il s’éloigne de toute vision traditionnelle : lors de ses shootings, il évite les poses déjà vues, et recherche des aspects inattendus, tout en capturant l’âme de ses modèles. Telle est sa définition de la beauté. « Le monde est obsédé par l’idée d’attacher la beauté à l’apparence extérieure », ajoute-t-il. La beauté peut donner du pouvoir, mais elle peut rendre aigri aussi. Mark Elzey est convaincu de cela.
Fascination pour les chairs
Mais qu’est-ce qui rend ses images si belles ? La couleur d’abord. Les publicités, les panneaux d’affichage, les logos… « Les éléments qui ont le plus d’influence sur le long cours sont fortement colorés, et je fais tout mon possible pour m’en souvenir lorsque je prends des photos ». Selon l’auteur qui a étudié plusieurs théories à ce sujet, la mode permet aux artistes de mettre en valeur leur amour de la couleur. Un pantalon orange électrique, un béret rouge foudroyant, ou encore un ciel bleu limpide… Devant ses images, on se convainc d’une chose : les teintes fortes permettent d’obtenir de sublimes photos. Et puis, il y a sa fascination pour les chairs. Un intérêt survenu durant l’enfance. « Lorsque je vivais à Montgomery Alabama, un de mes meilleurs amis avait le vitiligo – une dermatose se présentant sous l’aspect d’une dépigmentation progressive de la peau. Je repense souvent à cette amitié qui m’a beaucoup apporté alors que je déménageais sans cesse ». L’image d’Yvesmark (portrait très serré initialement réalisé pour Schön Magazine et repris notamment parVogue China et Vogue Italia, NDLR) lui rappelle ce temps doux. Les taches de rousseur ont également marqué l’auteur qui, en primaire, tombe amoureux d’une camarade qui en était couverte. « J’ai toujours pensé que les gens qui ont des taches de rousseur sont les plus intéressants, car beaucoup entretiennent une relation d’amour/haine avec ces dernières, alors même que le reste du monde les admire et en est envieux. Bref, ces lésions cutanées sont tout simplement exceptionnelles à photographier », conclut l’auteur.
© Mark Elzey