Les Rencontres de Bamako de 2019 posent leurs valises au Domaine départemental de Chamarande. Une série d’expositions poignantes de femmes photographes venues d’Afrique.
C’est en terre africaine, plus précisément au Mali, où la 12e édition des Rencontres de Bamako battait son plein que le dernier numéro de Fisheye nous transportait. Un événement aussi dépaysant que réjouissant. Mais la frustration géographique n’est que de courte durée car le festival d’envergure internationale fait une excursion en France. Du 1er février au 29 mars, le Domaine de Chamarande accueille une anthologie de la biennale africaine de la photographie. Cette exposition résulte d’une coopération décentralisée entre le Mali et le département de l’Essonne. « Existant depuis 1996, ce partenariat a pour objectif de travailler sur des projets de développement pour renforcer les institutions. », explique Christel Tschaegle, cheffe de service du développement culturel et patrimonial des territoires de l’Essonne. « Les questions culturelles sont primordiales dans ce programme », ajoute-t-elle.
Pour Lassana Igo Diara, Délégué Général des Rencontres de Bamako, l’émotion est au rendez-vous. « Je suis honoré de représenter la biennale en France. Pour ses 25 ans, nous avons créé une édition spéciale. La conception de la scénographie a été pensé comme radicale. L’incidence politique ne nous effraie pas. », confie-t-il. Éditeur et gérant d’une galerie à Bamako, Lassana Igo Diara œuvre quotidiennement pour la place de l’art dans sa région. Véritable acteur culturel de sa région, il souhaite que cette 12e édition rende hommage « à nos mères, femmes, sœurs et nos filles ».
© Fatoumata Tioye Coulibaly Tioye
Conscience et poésie féminine
« À 25 ans, rêverie et révolution sont légitimes. À 25 ans osons donc renverser la table et exprimons l’inventivité africaine », annonce Lassana Igo Diara dans un poème voué à l’anniversaire de la biennale. Ces quelques proses siéent à merveille l’univers des deux collectifs présentés à Chamarande : L’Association des Femmes Photographes du Mali (AFPM) et le collectif panafricain MFON (Women Photographers of the African Diaspora). Ainsi que celui de la lauréate du prix Seydou Keïta 2019 : Adeola Olagunju. Mettre en lumière la crème des photographes féminines est le leitmotiv des programmateurs. « Nous avons eu la prétention d’être des hommes féministes », confesse le Délégué Général. En Afrique, le paradigme de changer l’image du genre féminin s’active au fil des années.
Les artistes se battent jour après jour pour promouvoir leur talent – et avant tout – leurs droits en tant que femmes. Leur moteur de survie est la créativité. Elles s’alimentent de nourriture intellectuelle. Les photographes de l’AFPM se sont tristement unies autour de la thématique de la condition de la femme dans la société malienne. Un quotidien où les conventions sociales et culturelles rythment leur existence et où les sévices physiques et psychologiques n’en finissent plus. Plutôt que de vivre par délégation une vie d’esclaves, les photographes prennent le pouvoir. Ces héroïnes invitent les jeunes filles et les femmes, à agir à contre-courant de cette société et laissent un message d’espoir et de sororité. Une exposition procurant un maelström de sensations.
Rencontres de Bamako, biennale africaine de la photographie
Du 1er février au 29 mars 2020
Domaine départemental de Chamarande (À l’Orangerie du Château)
38 rue du Commandant Arnoux, 91730 Chamarande
à g. © Deborah Jack, à d. © Fanta Diarra
© Miranda Barnes
© Fatoumata Diabaté
© Lola Akinmade Akerström