Contes d’hiver : Douglas Mandry et Riitta Päiväläinen

09 janvier 2020   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Contes d’hiver : Douglas Mandry et Riitta Päiväläinen

Norvège, Finlande, Japon, Turquie, Russie, États-Unis, Canada… Les photographes présentés ici ont choisi de prendre leurs quartiers d’hiver dans les contrées les plus froides pour nous conter des histoires personnelles et sensibles. Des images à contempler comme autant de poèmes et de légendes en attendant les beaux jours. Ces articles sont à retrouver dans le dossier de notre dernier numéro.

« Mon travail se développe en constante réaction à la digitalisation de la photographie »

, annonce Douglas Mandry, photographe et artiste de 30 ans installé à Zurich, en Suisse. Sa série Unseen Sights rassemble des photographies noir et blanc prises au cours de voyages et recolorisées en studio – à la main ou à l’aérographe. « Les images originales témoignent d’une nature primitive, idéalisée et vierge de toute intervention humaine. Elles ont été réalisées dans les environs de sites touristiques où la nature est devenue un bien de consommation photographié comme les autres », complète l’auteur. En intervenant ainsi sur ses photos, il propose une vision fantasmée du territoire. Si la réalité ne l’ennuie pas, il ne cesse de questionner la perception de celle-ci. « Le site de Kapadokya, en Turquie, est apprécié pour ses monuments géologiques de couleur orangée. C’est comme si nous nous trouvions sur une autre planète. Son iconographie durant l’hiver est en revanche moins connue. En essayant de redonner une certaine chaleur aux paysages enneigés, un effet d’entre-deux apparaît. C’est cela que je recherche dans mon travail, le paradoxe. » Un message écologique non revendiqué transparaît dans son questionnement de la photographie comme objet matériel.

© Douglas Mandry

© Douglas Mandry© Douglas Mandry

© Douglas Mandry

© Douglas Mandry

Artiste finlandaise née en 1969 à Maaninka, petit village de 200 habitants, Riitta Päiväläinen a passé son enfance au milieu de la nature : « Je passais des heures à l’extérieur, à jouer dans la neige, à skier dans les forêts et les champs enneigés et silencieux. » Gardant une forme de nostalgie de cette enfance et de ses traces laissées dans le paysage, cette diplômée de l’université d’art et de design d’Helsinki (département photographie) décide d’utiliser des tissus et des vêtements pour réaliser des installations. « Comme un écrivain qui crée un roman et a besoin d’un stylo et de papier, j’ai besoin de tissu et de paysage pour raconter une histoire qui touchera le spectateur en fonction de son histoire personnelle et de ses expériences », explique la photographe. Ce rapport à la nature devient même fusionnel quand elle explique : « Travailler avec un paysage, c’est y entrer : vivre et sentir le lieu, en faire enfin partie à parts égales. En rapprochant le paysage et le tissu, je crée un dialogue, une interaction. Mon but est de suggérer et de mettre en avant des histoires potentielles, des histoires mentales. » En gelant les vêtements ou en laissant le vent les remplir d’air, Riitta Päiväläinen crée un espace sculptural qui lui rappelle son ancien utilisateur. « Cette “rencontre imaginaire” représente pour moi la subtile distinction entre absence et présence », analyse l’artiste.

 

Cet article est à retrouver dans Fisheye #40, en kiosque et disponible ici.

© Riitta Päiväläinen

© Riitta Päiväläinen© Riitta Päiväläinen

© Riitta Päiväläinen

© Riitta Päiväläinen

Image d’ouverture : © Douglas Mandry

Explorez
Dans l’œil de Zoé Isle de Beauchaine : des produits pharmaceutiques sublimés
Mieux Vivre, Le Bain, août 1936 Photographie de Paul Wolff
Dans l’œil de Zoé Isle de Beauchaine : des produits pharmaceutiques sublimés
Aujourd’hui, plongée dans les pages d’une ancienne revue pharmaceutique. Dans le cadre de l’exposition Années 1930 et modernité : l’âge...
18 novembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Lux : la naissance d’un rendez-vous photographique
© Deanna Dikeman
Lux : la naissance d’un rendez-vous photographique
Pour son premier évènement, le tout nouveau Réseau Lux nous en met plein la vue en investissant les murs d’un ancien bureau de poste du...
15 novembre 2024   •  
Écrit par Agathe Kalfas
Les coups de cœur #518 : Cecilia Pignocchi et Emma Corbineau
© Cecilia Pignocchi. Tempo Bello
Les coups de cœur #518 : Cecilia Pignocchi et Emma Corbineau
Cecilia Pignocchi et Emma Corbineau, nos coups de cœur de la semaine, dévoilent un cabinet de curiosités constitué de souvenirs et de...
11 novembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Approche 2024 ou l’art de mettre en scène
© Antoine De Winter Courtesy Hangar Gallery
Approche 2024 ou l’art de mettre en scène
Du 7 au 10 novembre 2024, le Salon Approche présente sa 8e édition. Au 40 rue de Richelieu, à Paris, quinze expositions personnelles...
07 novembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Visions d'Amérique latine : la séance de rattrapage Focus !
© Alex Turner
Visions d’Amérique latine : la séance de rattrapage Focus !
Des luttes engagées des catcheuses mexicaines aux cicatrices de l’impérialisme au Guatemala en passant par une folle chronique de...
20 novembre 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Richard Pak tire le portrait de l’île Tristan da Cunha
© Richard Pak
Richard Pak tire le portrait de l’île Tristan da Cunha
Avec Les îles du désir, Richard Pak pose son regard sur l’espace insulaire. La galerie Le Château d’Eau, à Toulouse accueille, jusqu’au 5...
20 novembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Eimear Lynch s'immisce dans les préparatifs de soirées entre adolescentes 
© Eimear Lynch
Eimear Lynch s’immisce dans les préparatifs de soirées entre adolescentes 
Dans le souvenir de bons moments de son adolescence, Eimear Lynch, aujourd’hui âgée de 29 ans, a imaginé Girls’ Night. Au fil des pages...
19 novembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Eleana Konstantellos : faire vrai pour voir le faux
Chupacabras © Eleana Konstantellos
Eleana Konstantellos : faire vrai pour voir le faux
Eleana Konstantellos développe, depuis 2019, de nombreux projets photographiques mêlant mise en scène et recherche...
19 novembre 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin