Découverte récente, coup de foudre artistique, ou même artiste phare… Dans chaque numéro, différents membres de l’équipe Fisheye prennent la parole et partagent leur obsession photographique du moment. Lumière aujourd’hui sur Sarkis Torossian, choisi par Julia von Dorpp, graphiste digitale.
J’ai toujours été en admiration devant les régions désertiques, les montagnes et tous les lieux isolés, à l’extrême opposé du bruit de la vie citadine. Lorsque je voyage, je m’imprègne des paysages afin de construire mon imaginaire et ma vision personnelle du monde. Chaque voyage constitue une pièce du puzzle et certains documentaires, récits et photographies permettent de l’enrichir avec un autre regard que le mien. Le travail de Sarkis Torossian me fascine par cette capacité à s’approprier le monde par le biais de la photographie. Grand randonneur, il part plusieurs mois découvrir des régions reculées qui me paraissent inatteignables. Dans cette série քար [k‘ar], il est parti seul en Arménie, son pays d’origine, découvrir ces terres et se réapproprier son passé et ses racines. Il retouche ensuite ses images, par le biais du tirage à la gomme bichromatée, pour produire des paysages fictifs mais pourtant vraisemblables. La seule présence du blanc presque lunaire avec cette terre nue et texturée aux allures martiennes crée une image silencieuse et mystérieuse. Je me tourne d’ailleurs très souvent vers des images en nuances de gris qui peuvent paraître austères, mais dans lesquelles j’ai l’impression qu’il y a encore tant à imaginer. J’aime cette ambiance étrange et sombre, ce paysage calme qui me donne envie de voyager, de me perdre dans mes pensées et de me faire ma propre vision de ces montagnes à mon tour.
Cet article est à retrouver dans Fisheye #50, disponible ici.
© Sarkis Torossian