Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité. Lumière aujourd’hui sur la photographe à la croisée des arts Chiara Dondi. En peignant sur les clichés monochromes qu’elle réalise au préalable, l’artiste évoque les pressions subies par les femmes tout au long de leur vie.
C’est après des études en design à l’Université de Florence que la photographe italienne Chiara Dondi a retrouvé dans de vieux cartons un appareil photo 35 mm appartenant à son père. Elle expérimente petit à petit, sans se montrer entièrement satisfaite du résultat. Le noir et blanc lui paraît fade, trop peu profond. Passionnée de peinture depuis toujours, elle décide alors d’allier les arts et commence à peindre à même la photographie. À ce jour, chacun de ses clichés est délicatement coloré à l’aquarelle : « je veux que mes oeuvres reflètent exactement ce que j’ai ressenti en les peignant. Cela m’arrive de prendre un paysage en hiver et de le transformer en panorama printanier », explique-t-elle. La peintre/photographe – qui refuse d’être identifiée uniquement à l’aune d’un de ses deux arts de prédilection – revendique des influences variées dans le cinéma, la peinture, la photo ou la musique. Ses sources d’inspiration ? Les réalisateurs de la Nouvelle Vague, Depeche Mode, les peintres du mouvement préraphaélite (peintres antérieurs à Raphaël, qui affirment leur volonté de revenir aux styles antérieurs à la renaissance classique , ndlr.), mais aussi les photographes Sarah Moon, Julia Margaret et Felice Beato.
La femme dans tous ses états
Au-delà de la forme surprenante de ses œuvres, Chiara Dondi centre son travail sur « la femme et tout ce qui gravite autour », de la maternité à la santé mentale en passant par le complexe rapport à leur propre corps. Au travers d’images presque fantomatiques, à mi-chemin entre surréalisme, gothique et classicisme, l’artiste partage avec le·a spectateur·ice son regard à la fois puissant et gracieux sur les femmes, leurs silhouettes, leurs émotions et les épreuves traversées. Ces thématiques relèvent aussi d’un besoin personnel : « Je pense que j’ai choisi ces questionnements pour m’aider moi-même. Au cours de ma croissance, j’ai entretenu une relation conflictuelle avec mon corps, la façon dont il était perçu, l’attention que je recevais et, plus tard, la manière dont la société voulait que je l’utilise », décrit la photographe. Cette injonction– ressentie par elle comme par beaucoup de femmes – de rester jeunes, minces, joyeuses, attentionnées, de faire carrière tout en étant une bonne mère, confère à ses œuvres un message universel sublimé par une technique singulière.
© Chiara Dondi