Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. Après un premier volume rempli de babines mal léchées, Nikita Teryoshin dévoile Backyard Diaries Vol. 2. Un zine bien peigné qui rend hommage aux chats de la rue, à leurs gueules cassées et griffes bien aiguisées.
Débutée en 2019, la série Backyard Diaries de Nikita Teryoshin présente l’univers caché des chats errants dans différentes capitales et grandes villes du monde entier. « Je l’ai commencé à Saint-Pétersbourg pour compenser les rencontres déprimantes avec des marchands d’armes en costume gris que j’ai photographié pendant plusieurs jours dans le cadre de mon projet sur le commerce mondial des armes, Nothing personal – the back office of war », se rappelle l’artiste installé à Berlin. Dans ce deuxième volume, les matous à la vie mouvementée s’affichent dans des situations rocambolesques et parfois poétiques. De Bangkok à New Delhi en passant par Atlantic City et Istanbul, les portraits des petits félins se confrontent à des scènes de vie afin de mettre en lumière des sujets peu médiatisés, caractéristique principale des travaux de Nikita Teryoshin. « Je veux aussi montrer l’esprit de la ville sale. C’est-à-dire certains endroits habituellement très touristiques, que l’on ne trouve pas dans les guides », précise-t-il.
Les chats prennent le pouvoir du monde
Alors que les chef·fes d’hôtels, les politicien·nes ou encore les spéculateur·ices immobiliers de chaque pays tentent de les faire disparaitre, Nikita Teryoshin les sublime. « Les chats errants sont des marginaux dans la société, mais j’aime l’idée de les montrer comme des héros et leur lutte devrait également être une source d’inspiration. J’imagine aussi leurs personnages comme s’il s’agissait d’humains », déclare le photographe. D’une rencontre avec un dragon de Komodo à une dégustation de riz dans un temple bouddhiste, les protagonistes poilus nous laissent imaginer leurs histoires remplies de rebondissements et de déconvenues. Loin des chatons de races onéreuses, ces chats guerriers luttent pour survivre. Leur beauté brute attendrit et touche en plein cœur.
Des vieilles dames ou encore un sans-abri… Les personnes qui s’en occupent « ne font pas partie de la haute société ». Le photographe se remémore l’une de ces rencontres humaines marquantes : « Parmi mes images préférées, une me rappelle La Création d’Adam de Michel-Ange. Je l’ai prise dans un refuge pour chats situé dans une boutique fermée de Bangkok tenue par un homme que j’ai rencontré dans la rue. Il y avait beaucoup de chats blessés, mais la beauté de ce moment m’a fasciné. » L’instantanéité et la colorimétrie des clichés de Nikita Teryoshin interpellent tout en offrant un regard optimiste et novateur sur des matous qui ne connaissent pas le luxe de se faire cajoler et des croquettes à volonté.
Backyard Diaries Vol. 2, Éditions Pupupublishing, 22€, 48 p.
© Nikita Teryoshin