Jeanne-Lise Nédélec et Stéphanie Labé, nos coups de cœur de la semaine, voient dans les paysages naturels un voyage introspectif, une façon de se reconnecter à soi. La première plonge sous les mers pour révéler le lien entre l’intime et la nature, tandis que la seconde compose des dytiques poétiques.
Jeanne-Lise Nédélec
Immergés sous une eau translucide traversée par les rayons du soleil, des corps dansent. « La mer est mon refuge, elle incarne une quête de liberté, un espace de méditation et une métaphore de la fluidité des émotions », évoque la photographe Jeanne-Lise Nédélec. C’est sous ces vagues qu’elle compose Respirer, une série photographique qui se déploie sous la forme d’un livre autoédité et en édition limitée. « Je plonge le spectateur dans un univers sous-marin contemplatif, où la respiration, la liberté des corps et l’immensité apaisante de l’eau deviennent autant d’axes de réflexion », détaille-t-elle. L’écume vibre, la lumière transperce et dévoile un monde en suspens que l’autrice a sondé lors d’immersion en apnée sur plusieurs années. « J’essaie de capter ce qui se joue dans les interstices : un souffle, une tension douce, un retrait », poursuit-elle. Elle rend ainsi hommage aux liens entre l’intime et le paysage, entre le corps des femmes et la nature en posant une question : « Et si là où l’on respire le mieux n’était tout simplement pas le lieu où l’on ne respire plus ? »
Stéphanie Labé
« La nature n’est pas un décor. Nous sommes la nature », soutient Stéphanie Labé, artiste visuelle installée dans le sud des Landes. Un matin, elle se réveille, happée par la photographie et décide d’abandonner son métier pour se consacrer à l’art, dans l’optique « transmettre quelque chose et [se] (re)trouver ». Puisant son inspiration dans les pensées artistiques asiatiques et le concept de « cosmopoésie » formulé par le poète et essayiste écossais Kenneth White, elle fait jaillir une nature délicate et lyrique. Les oiseaux s’envolent, la lune scintille et les vaguent moutonnent. « Je laisse une grande place au vide, propice à un meilleur plein », explique Stéphanie Labé. Elle parcourt le Pays basque, qu’elle appréhende comme « un sanctuaire entre océan et montagnes » et réalise sa série Mondes intérieurs qui explore la frontière entre le réel et la fiction : « Les prises de vue sont réelles, mais la chromie tend vers l’imaginaire », poursuit-elle. Dans des diptyques aux teintes sépia et ivoire, la photographe fait rencontrer les éléments qui composent cette nature et les met dans des oppositions complémentaires, invoquant la philosophie du Yin et du Yang.