Une bande de copains, des paysages idylliques, une réflexion sur le rêve américain… Et tout cela en 20 minutes. Nevada, un court-métrage entre autres réalisé par Thibault Lévêque, Théo Gosselin, et Lucas Hauchard apparaît comme le remède idéal pour assouvir vos envies de voyage.
« Nevada, c’est l’histoire d’un gars peu fiable et en grande détresse affective qui appelle deux de ses amis à le rejoindre aux USA, sous prétexte de rénovations de motels. Un faux plan. Car sur place, les galères s’enchaînent. S’amorce alors un voyage initiatique autour de l’amitié, l’amour, la confiance, et la réconciliation », introduit Thibault Lévêque, scénariste et comédien du court-métrage Nevada diffusé dimanche dernier sur le net, Covid-19 oblige. Nevada raconte aussi l’histoire d’une bande de copains originaires de Normandie : Thibault Lévêque donc, Théo Gosselin, et Lucas Hauchard. « Depuis presque toujours, faire des images ensemble est un prétexte à l’aventure, confie Lucas, à la direction du montage. Et cela faisait bien trop longtemps que nous n’avions pas voyagé ensemble ». Très vite, d’autres amis de confiance rejoignent le projet : Matthieu Brochec, Victor Mieusement, Emmanuel Vivenot, Emmanuel Rosario, et Jérémy Huet.
Une campagne de financement participative et près de 2000 kilomètres plus tard, la bande de potes arpente l’État américain, « avec les moyens du bord, et un budget très serré », confie Thibault Lévêque. Avec eux, le spectateur se téléporte sur la terre de toutes les bêtises, et d’un American dream déchu. « À part Las Vegas, cette région est peu touristique. Légalisation du cannabis, prostitutions, casino, c’est aussi au Nevada que l’on peut découvrir la zone 51 (territoire où se trouve une base militaire dite secrète, et où émergent depuis 1989 des théories d’OVNI). Nous y avons rencontré un désert à 1800 mètres d’altitude, une nature sévère, et des gens sans filtre, bruts de décoffrage. Là-bas, le secret y côtoie l’abolition », commente Emmanuel Vivenot. C’est surtout à Ely, qu’ils posent leurs sacs et tournent la majorité des scènes du film. « Ancienne ville minière, Ely se résume aujourd’hui à son avenue principale jonchée de motels, sa station essence, son diner, son casino, et un bar de strip-tease. Une ville presque fantôme pour nous seuls – soit le décor parfait », ajoute Lucas Hauchard.
© Emmanuel Rosario
Une déclaration d’amour à l’amitié
Rêve déchu vers une Amérique fantasmée, le voyage comme expérience indispensable pour atteindre le bonheur et la liberté, Nevada, est aussi une déclaration d’amour à l’amitié. Devant, comme derrière la caméra, tous se connaissant par cœur. Les initiateurs du projet comme les deux personnages principaux tissent un lien d’amitié fusionnel, un critère indispensable. « Ensemble, ils peuvent tout faire – c’est parfait pour interpréter des scènes d’intimité par exemple », précise Lucas Hauchard au sujet de Matthieu et Victor. S’il y a eu des hauts et bas durant ce périple – Victor pointe notamment le froid – les moments de rires se sont succédés, et la reconnaissance mutuelle est palpable. « J’ai de la chance d’avoir des copains aussi doués et d’avoir pu construire avec eux une œuvre où tous leurs talents se complètent, sur les plans cinématographiques comme musicaux. Nous avons la chance d’être indépendants et libres de ne composer qu’avec ceux que l’on aime. Un accord qui claque sonne différemment quand il est produit par un être aimé », confie Lucas Hauchard.
S’il émane une forme de poésie et de douceur dans ce court-métrage, la violence est latente. C’est Lucas, le vidéaste de la bande qui parvient à mettre les mots sur cette ambivalence : « au fond, on est tous les meilleurs, et les pires de nous-mêmes. Mais il ne faut jamais sombrer, et se laisser envahir par notre part obscure. Car il est difficile d’être heureux, bien plus encore que de céder aux idées noires. Il ne faut jamais perdre de vue la lumière. Pardonnons et soyons bons avec les autres, c’est un peu comme tendre la main pour aider le voyageur inconnu à monter à l’arrière du camion. Dans le film, la seule femme conduit les âmes perdues vers le large horizon ». Mise en abîme du projet lui-même – évidemment, rien ne s’est passé comme prévu une fois sur place–, la team nous livre avec sincérité un instant de leur quotidien. Et quand apparaît le générique, une folle envie de se replonger dans les écrits de Kerouac nous prend.
© Emmanuel Vivenot
© Thibault Lévêque
© Victor Mieusement
© Emmanuel Rosario
© Emmanuel Vivenot
© Théo Gosselin
Image d’ouverture © Emmanuel Vivenot