Les Rencontres d’Arles 2020 sous le signe de la Résistance 

13 mars 2020   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les Rencontres d’Arles 2020 sous le signe de la Résistance 

Ce jeudi 12 mars, Sam Stourdzé dévoilait la programmation des 51ème Rencontres d’Arles qui se tiendront du 29 juin au 20 septembre 2020. Focus sur le programme dédié à la « Résistance ».

« Je suis un grand timide, et cela peut paraitre paradoxal, mais il y a des déclarations qu’il est plus facile de faire en public que dans l’intimité : alors je voudrais dire à la formidable équipe des Rencontres : je vous aime », annonce Sam Stourdzé durant sa conférence de presse – la dernière. Récemment nommé à la tête de la Villa Médicis, à Rome, il a dédié ses premières paroles à son équipe comme aux Arlésiens. Le thème de sa sixième et dernière année à la tête des rencontres ? La résistance. « La 51e édition est une édition de résistance. Il existe une photographie de résistance, une photographie qui résiste, qui se dresse, une photographie qui s’oppose, dénonce, qui libère, une photographie qui rejoue, qui réinvente, ou qui réenchante ». Un sujet qui résonne en bien des points avec notre actualité. En témoignent les séquences et autres découpages dédiés à la décroissance, aux luttes face à la violence du monde ou encore au corps comme objet de résistance, entre autres.

Difficile de présenter chacune des 35 expositions, quelques travaux ont néanmoins retenus notre attention.
Comment résister contre l’inégalité et la pauvreté ? Le duo Chow & Lin a parcouru 200 000 kilomètres et 36 pays afin d’analyser les choix alimentaires quotidiens des individus vivant sous le seuil de la pauvreté. Un projet engagé, à découvrir à la Maison des peintres.

© Chow&Lin

Myanmar, Yangon, août 2016 © Chow&Lin

Stéphan Gladieu

– le photographe derrière l’affiche de ces 51e rencontres – tente quant à lui de résoudre l’énigme de la Corée du Nord. « Comment se fait‐il que la Corée du Nord n’ait jamais vacillé alors que tant d’autres régimes autoritaires se sont disloqués sous l’effet des secousses provoquées par la chute du mur de Berlin, de la modernité, des réseaux sociaux ?(…) Les autorités nord‐coréennes ont été déroutées par ma proposition de réaliser des portraits individuels. Ma démarche « révolutionnaire » bousculait leur culture collectiviste », confie le photographe français.

Le lauréat de la résidence BMW, Lewis Bush, porte, de son côté un regard critique sur l’évolution technologique de l’image. Avec John Berger, remasterisé, il explore la façon dont les machines et l’intelligence artificielle voient et comprennent le monde.

© Lewis Bush / Résidence BMW 2019

Ways of Seeing Algorithmically © Lewis Bush / Résidence BMW 2019.

La performance dans l’acte de résistance

À l’atelier des forges, l’exposition collective Masculinités, la libération par la photographie proposera une étude de la construction de la masculinité des années 1960 jusqu’à nos jours. La commissaire Alona Pardo a réuni plus de 50 artistes, photographes et réalisateurs internationaux ayant travaillé sur les notions de stéréotype hyper masculin, les perceptions des hommes par les femmes ou encore le patriarcat.

À la mécanique générale seront présentés six artistes afro-américains questionnant notre rapport au corps noir : Derrick Adams (1970), Nona Faustine (1977), Lyle Ashton Harris (1965), Paul Mpagi Sepuya (1982), Xaviera Simmons (1974), Carrie Mae Weems (1953). Performers est un prétexte pour interroger la place des Afro-américains dans l’histoire, la société et la culture américaine tout comme le rôle de la performance dans l’acte de résistance. Une exposition signée Quentin Bajac.

Deux expositions pensées en écho seront, enfin, à découvrir au Capitole : Ville-Monde et Perfect Vision. La première donnera à voir les productions du collectif Tendance Floue réalisées pour le compte du City Guide Louis Vuitton. Un voyage à travers trente des plus grandes villes du monde. En écho à cette itinérance, Patti Smith propose avec son installation un dialogue avec les poètes français Antonin Artaud, Arthur Rimbaud et René Daumal. Parmi les talents du prix découverte Louis Roederer, nous retrouverons, entre autres, les images de Philippe Braquenier, Stephen Dock, Amélie Labourdette ou Elsa & Johanna.

Charlie Chaplin est l’un des premiers cinéastes à traiter de la montée du nazisme en Allemagne et de la persécution des Juifs. L’exposition intitulée L’histoire d’un petit poisson dans un océan infesté de requins revisite le film Le Dictateur et rentre dans les coulisses de sa réalisation grâce aux archives.
Sam Stourdzé a choisi de dédier cette 51e édition des Rencontres d’Arles « à tous les petits poissons qui, hier comme aujourd’hui, par leur agilité, leur conviction, leur détermination, mais aussi par leur enthousiasme, leur envie de partage et d’aventures collectives, continuent de narguer les requins ». Espérons seulement que les Rencontres se tiennent, car nous avons besoin, plus que jamais de résister.

Soundwalk Collective & Patti Smith, Mummer Love, Photo and artwork by Stephan Crasneanscki. Image manipulation by Jakob Axelman.

Soundwalk Collective & Patti Smith, Mummer Love © Photo and artwork by Stephan Crasneanscki. Image manipulation by Jakob Axelman

© Stephen Dock

Tiger Bay, quartier loyaliste, Belfast, Irlande du Nord, 2014 © Stephen Dock

© Stéphan Gladieu Avec l’aimable autorisation de School Gallery / Olivier Castaing

Portraits de Nord-Coréens, Corée du Nord, Pyongyang, juin 2017 © Stéphan Gladieu / Avec l’aimable autorisation de School Gallery / Olivier Castaing.

Image d’ouverture © Stéphan Gladieu / Avec l’aimable autorisation de School Gallery / Olivier Castaing.

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