Le photographe nantais Guillaume Noury expose jusqu’au 25 novembre à Deauville, dans le cadre du festival Planche(s) contact, Pendant que la mer monte. Une série prétexte à la déambulation et à l’errance qui lui a valu le prix du jury.
« Je n’étais passé qu’une fois en vacances et je n’avais pas vraiment fait de photos », confie Guillaume Noury, photographe du Tremplin Jeunes talents présenté à Deauville, dans l’espace le Point de Vue. Découvert il y a bientôt un an sur le site Fisheye, c’est avec plaisir que nous retrouvons Guillaume et ses images au sein du Festival Planche(s) contact. « Lorsque nous avons démarré la résidence, nous a avons visité la ville : le golf, les hôtels Barrière, les planches, la marina et en allant sur les hauteurs j’ai découvert le quartier du Coteau. Un quartier social encerclé par le golf, une résidence de vacances d’un grand groupe, la villa des D’Ornano et le Deauville du centre. Animateur d’ateliers d’initiation à la photo à Nantes, je souhaitais proposer une animation dans la maison de quartier avec l’idée de rencontrer les habitants. Et puis j’ai appris qu’elle venait de fermer », explique-t-il. « Je venais de relire Errances de Raymond Depardon. Ce quartier aurait pu être l’aboutissement de ma quête d’un lieu acceptable », ajoute-t-il. Logé près de la plage, Guillaume a multiplié ses allers-retours dans cette ville inspirante.
L’errance, une place à l’intuition
Durant la résidence, le photographe nantais s’est interrogé sur sa pratique du 8ᵉ art. « J’ai appris qu’il était difficile de réinventer son travail. À l’origine, je voulais réaliser des portraits, mais au moment de l’editing, je me suis rendu compte qu’ils n’étaient pas satisfaisants, j’ai dû décaler mon propos et montrer autre chose », confie-t-il. Si l’espace d’observation lui a été imposé, l’errance et son rapport particulier à l’humain demeurent des éléments essentiels de son travail. « C’est ma façon de fonctionner, l’errance permet une disponibilité, une liberté et une place à l’intuition », confie-t-il. Durant la deuxième partie de la résidence, il se rend compte que son boitier argentique ne fonctionnait pas correctement. « Les photos des cinq derniers jours n’étaient pas exploitables. De colère j’ai photographié toute la nuit et la première image réalisée est aujourd’hui l’une de mes préférées », précise-t-il.
Sur les pas du photographe Anders Petersen, Guillaume préfère aux photographies du visible, les images du sensible. Si bien que sa vision du quotidien est toujours le reflet de ses sentiments. Et si Guillaume photographie ce qu’il ressent, c’est grâce à la lumière que tout peut commencer. Ses noirs et blanc profonds renvoient à notre humanité, sombre et sublime. Car Pendant que la mer monte dépeint une société laissée à la dérive, préoccupée par le confort et les apparences. L’écrivain Patrice Lumeau résume parfaitement son approche photographique. « La lumière semble pénétrer ses images par effraction, parfois avec fracas alors le blanc s’impose ; parfois avec une mouvance erratique, alors les gris, glissent comme autant de messages abandonnés au flot. L’humain y semble fugitif, un hôte de passage, invité pour cet instant seulement. Et pourtant nous n’avons pas peur de la route ».
© Guillaume Noury