Regards « Désirés » à la 110 Galerie

16 janvier 2023   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Regards « Désirés » à la 110 Galerie

L’exposition Désirés, de la représentation érotique des hommes, imaginée par la 110 Galerie et le collectif Lusted Men, porte une vision nouvelle sur l’érotisme des corps d’hommes. Entre dessin, peinture et photographie, cette sélection invite à la réflexion sur la représentation du désir et de la sexualité dans notre société. À découvrir jusqu’au 10 février 2023.

« Ma rencontre avec le collectif Lusted Men s’est présentée comme une évidence. Nous avons sélectionné ensemble huit artistes complémentaires dont le travail nous touchait. Par cette exposition, nous souhaitons offrir une vision de l’érotisme différente, et qui n’est pas centrée uniquement sur une représentation homoérotique. C’est une bonne façon de voir le monde autrement », introduit Sidonie Gaychet, directrice de la 110 Galerie. À la croisée des arts, entre peinture, dessin, céramique et photographie, les auteurices présent·es proviennent de la scène française et ont moins de 40 ans. L’exposition Désirés, de la représentation érotique des hommes permet aux regards féminins et non-binaires de poser leurs yeux sur des corps d’hommes à l’heure où le corps féminin s’érotise majoritairement. « Avec cette nouvelle exposition, je craignais la censure des réseaux sociaux. Étrangement, je n’en ai eu aucune. Contrairement à une précédente exposition composée de corps féminins dénudés où une simple apparition de téton était légitime d’être censuré selon Instagram… », explique Sidonie Gaychet. En 2023, le travail est encore d’actualité quant à l’acceptation du corps féminin dans la sphère publique.

© Karla Hiraldo Voleau© Solène Ballesta

à g. © Karla Hiraldo Voleau, à d. © Solène Ballesta

Des corps d’hommes érotiques et sensuels 

Dans cette co-curation, le 8e art prend une place significative. La vision érotique du corps d’homme est alors vue sous différents prismes. À l’image d’un peep-show, 4 carrousels de 80 diapositives du collectif Lusted Men défilent dans un coin de la galerie, calfeutré de rideaux en velours rouge. L’endroit parfait pour regarder secrètement, seul·e ou à plusieurs, des images érotiques d’hommes. Les photos argentiques du·de la photographe, modèle et artiste visuel·le Mila Nijinsky respirent également l’amour, mais au pluriel. Alors que ses parents lui servent de modèles, iel rencontre aux États-Unis un couple d’hommes mûrs qui donneront naissance à une série photos pour illustrer l’amour queer. La photographe française Solene Ballesta s’inspire également de son entourage, plus précisément de sa muse fétiche : son mari. Résidant au Japon, elle n’hésite pas à l’utiliser comme protagoniste dans des mises en scènes minimalistes et percutantes. 

Une vision plus politique de l’érotisation masculine est offerte par Rebekka Deubner dans la série Les saisons (thermiques). Avec le soutien du Centre national des arts plastiques, l’artiste s’immisce dans une communauté de testeurs d’anneaux thermiques, un moyen de contraception masculine. Les images, punaisées dans des boîtes en bois, questionnent la charge mentale de la contraception sur la femme. Une autre question politique se pose avec la série Hola Mi Amol de la photographe franco-dominicaine Karla Hiraldo Voleau. Dès son plus jeune âge, ses parents la mettent en garde en lui sommant de ne jamais sortir avec un Dominicain, les qualifiants de dragueurs invétérés. Quelques années plus tard, elle décide de retourner sur les plages dominicaines pour poser son regard sur leurs corps. Elle les accoste avec des phrases typiques de dragueurs et entre en séduction avec plusieurs d’entres eux. De cette expérience nait des nus et des autoportraits à la fois sensuels et incisifs. Mais la photographe n’est pas la seule artiste de cette exposition à s’être mise en scène. Kim utilise, elle, ses propres sextos, reçus et envoyés avec ses amants, afin d’illustrer des hommes hétérosexuels qui s’érotisent. Ne voulant plus être associée à cette série, l’artiste a utilisé un nom d’emprunt.

 

 La 110 Galerie met en vente, sur place, un petit pochon de 10 diapositives d’images de l’exposition accompagné d’une petite visionneuse. De plus, le lieu sera exceptionnellement fermée du 17 au 21 janvier.

© Mila Nijinsky© Rebekka Deubner

à g. © Mila Nijinsky, à d. © Rebekka Deubner

© Kim

© Kim

Image d’ouverture : © Kim

Explorez
L’intimité au cœur de Planches Contact Festival 2025
© Carline Bourdelas / Planches Contact Festival
L’intimité au cœur de Planches Contact Festival 2025
Jusqu’au 4 janvier 2026, la 16e édition de Planches Contact Festival anime Deauville et propose une diversité de regards sur un même...
08 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
5 questions à Charlotte Abramow : le souvenir de Maurice
© Charlotte Abramow
5 questions à Charlotte Abramow : le souvenir de Maurice
Sept ans après la publication de son ouvrage Maurice, tristesse et rigolade, Charlotte Abramow rouvre les pages de l’histoire de son...
03 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Elise Jaunet : quand l’intime devient manifeste
© Elise Jaunet
Elise Jaunet : quand l’intime devient manifeste
À travers sa série Faire corps – Journal d’une métamorphose, l’artiste nantaise Elise Jaunet explore la traversée du cancer du...
01 novembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Du pictorialisme au modernisme, la MEP célèbre l’œuvre d’Edward Weston
Edward Weston, Shells, 1927 © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Wilson Centre for Photography
Du pictorialisme au modernisme, la MEP célèbre l’œuvre d’Edward Weston
Jusqu’au 21 janvier 2026, la Maison européenne de la photographie consacre une exposition exceptionnelle à Edward Weston. Intitulée...
30 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 3 novembre 2025 : les actualités de Fisheye
© Ian Cheibub
Les images de la semaine du 3 novembre 2025 : les actualités de Fisheye
C’est l’heure du récap ! Entre la parution d’un nouvel ouvrage, la sortie du numéro #74 et celle d’un épisode de Focus, la semaine a été...
Il y a 5 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
L’intimité au cœur de Planches Contact Festival 2025
© Carline Bourdelas / Planches Contact Festival
L’intimité au cœur de Planches Contact Festival 2025
Jusqu’au 4 janvier 2026, la 16e édition de Planches Contact Festival anime Deauville et propose une diversité de regards sur un même...
08 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Laura Lafon Cadilhac : s'indigner sur les cendres de l'été
Red Is Over My Lover. Not Anymore Mi Amor © Laura Lafon Cadilhac
Laura Lafon Cadilhac : s’indigner sur les cendres de l’été
Publié chez Saetta Books, Red Is Over My Lover. Not Anymore Mi Amor de Laura Lafon Cadilhac révèle un été interminable. L’ouvrage se veut...
07 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Écofemmes Fest : un rendez-vous pour créer, lutter, transmettre
Trenza, le lien qui nous unit, 2025 ©Gabriela Larrea Almeida
Écofemmes Fest : un rendez-vous pour créer, lutter, transmettre
Jusqu'au 9 novembre prochain, La Caserne, dans le 10e arrondissement de Paris, accueille la première édition d’Écofemmes Fest, un...
07 novembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas