À l’heure où les photos numériques sont omniprésentes, qui aurait cru que les cartes postales seraient encore d’actualité ? Pour Séverine Sajous et son collectif Jungleye, c’est peut-être le meilleur moyen pour les réfugiés de « raconter le voyage de leur vie, car la carte postale a ce côté romantique qui, comme eux, traverse les frontières, et ce côté documentaire qui laisse une trace de leur histoire ».
Installée à Barcelone depuis douze ans, cette ex-comptable a commencé par donner des cours de photographie en Espagne dans le cadre du projet Mirades Creuades (« regards croisés » en catalan) à l’initiative de la fondation Cepaim (un consortium d’associations pour une action globale avec les migrants). D’origine française, Séverine se sent « concernée par ce qui se passe en France ».
Elle décide alors d’exporter le concept dans la « jungle » de Calais dès le mois d’octobre, avec l’idée « d’esquisser une correspondance entre les locaux, les institutions et les réfugiés, dans un espace physique où la discussion n’est pas envisageable ». Sur place, elle confie aux migrants une quinzaine d’appareils photo compacts. Tous les jours, elle se rend au milieu des campements de fortune qui ont changé le visage de la ville, et leur apprend à se servir des boîtiers. Cadrage, réglage de la luminosité, mise au point, narration, point de vue… Séverine leur transmet les bases de la photographie, du reportage documentaire à des pratiques plus artistiques.
La légende comme exutoire
Pour la jeune femme de 34 ans, il ne s’agit pas d’un acte militant, mais d’une initiative « sociale » et « humaine ». L’objectif étant d’apporter aux réfugiés « un soutien psychologique à travers une activité ludique qui leur permette de décharger leurs émotions ». Et « la légende est là pour ça », soutient Séverine, qui a lancé un atelier d’écriture en complément des cours de photographie. Pour la photographe, la nécessité de « mettre des mots sur des émotions » fait partie intégrante de ces ateliers. Pour les membres du collectif, c’est aussi l’opportunité de donner une vision des réfugiés par eux-mêmes…
… L’intégralité de cet article est à retrouver dans Fisheye #19, en kiosque actuellement. Texte par Mélany Marfella
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