Jusqu’au 16 février, la Galerie Thierry Bigaignon présente Le Bleu du Ciel, le projet des lauréats du Prix Swiss Life à 4 mains : Edouard Taufenbach et Régis Campo. Une invitation à la valse, sensuelle et héroïque, d’une volée d’hirondelles.
Tout commence avec un souvenir d’enfance. Dans sa campagne natale, non loin des Vosges, le photographe Edouard Taufenbach assistait chaque année au grand départ des hirondelles vers l’Afrique. Symboles de liberté et d’évasion, ces oiseaux migrateurs deviennent les muses d’un récit de voyage, qui n’est jusque-là rien d’autre qu’un rêve de jeunesse. C’est avec la rencontre du compositeur, et membre de l’Académie des Beaux-Arts, Régis Campo, que ce songe enfantin se développe en une passion commune. Comme l’illustre Nathalie Martin, déléguée générale de la Fondation Swiss Life, « le vol de l’hirondelle se fait à la fois partition de musique, avec ses ruptures et ses silences, et symphonie d’images ». À 4 mains, photographe et compositeur, conçoivent Le Bleu du Ciel : une ode à ce petit oiseau, qui chaque année parcourt des milliers de kilomètres à travers montagnes, mers et déserts, dans un périple digne d’un roman – ou d’un conte photo-musical.
Une mosaïque chantante
Dans un élan tout à fait original, le Prix Swiss Life à 4 mains récompense depuis sa création l’alliance entre le 8e art et la musique. C’est donc en échangeant éléments photographiques et musicaux que les lauréats ont fait évoluer le projet jusqu’à l’œuvre qu’on découvre aujourd’hui. D’abord conçu dans l’esprit d’Edouard Taufenbach, c’est lors d’un confinement pendant sa résidence à la Villa Médicis de Rome, que l’aspect photographique se développe avec l’aide d’un autre auteur : Bastien Pourtout. De quatre, on passe alors à six mains. Une véritable collaboration artistique, où les deux œuvres se complètent sans jamais dépendre l’une de l’autre. L’essentiel ? Que les deux perspectives ne fassent pas doublons, explique Régis Campo. « Comme les plus belles musiques de films, elles fusionnent avec les images, elles ne sont pas redondantes mais les nourrissent. Elles disent ce que l’image ne dit pas », rappelle-t-il. Sans jamais empiéter, les compositions musicales embellissent le parcours visuel, et, l’assemblage d’hirondelles ne saurait distraire du concert enivrant.
À une symphonie colorée répond une mosaïque chantante. Les nuances de bleus évoquent la richesse d’un ciel changeant. La mélodie enjouée rappelle le vol d’oiseaux au-dessus de nos têtes. « J’ai construit mes images avec une préoccupation musicale afin que ce soit une lecture en mouvement, des images qui ne soient pas figées, qu’on puisse les faire danser dans nos têtes », raconte Edouard Taufenbach. Expérience immersive, poésie sensible, l’exposition se vit comme une balade lyrique dans les airs. Peut-être qu’« une hirondelle ne fait pas le printemps », mais toute une volée, s’agitant autour de nous, ne peut que présager des jours meilleurs. La Galerie Thierry Bigaignon flotte dans les cieux et devient, jusqu’au 16 février, une étape de repos sur le long pèlerinage des hirondelles.
© Edouard Taufenbach & Bastien Pourtout. Courtesy Prix Swiss Life à 4 mains & Galerie Thierry Bigaignon
Le bleu du ciel, The Light © Régis Campo