L’exposition Désirés, de la représentation érotique des hommes, imaginée par la 110 Galerie et le collectif Lusted Men, porte une vision nouvelle sur l’érotisme des corps d’hommes. Entre dessin, peinture et photographie, cette sélection invite à la réflexion sur la représentation du désir et de la sexualité dans notre société. À découvrir jusqu’au 10 février 2023.
« Ma rencontre avec le collectif Lusted Men s’est présentée comme une évidence. Nous avons sélectionné ensemble huit artistes complémentaires dont le travail nous touchait. Par cette exposition, nous souhaitons offrir une vision de l’érotisme différente, et qui n’est pas centrée uniquement sur une représentation homoérotique. C’est une bonne façon de voir le monde autrement », introduit Sidonie Gaychet, directrice de la 110 Galerie. À la croisée des arts, entre peinture, dessin, céramique et photographie, les auteurices présent·es proviennent de la scène française et ont moins de 40 ans. L’exposition Désirés, de la représentation érotique des hommes permet aux regards féminins et non-binaires de poser leurs yeux sur des corps d’hommes à l’heure où le corps féminin s’érotise majoritairement. « Avec cette nouvelle exposition, je craignais la censure des réseaux sociaux. Étrangement, je n’en ai eu aucune. Contrairement à une précédente exposition composée de corps féminins dénudés où une simple apparition de téton était légitime d’être censuré selon Instagram… », explique Sidonie Gaychet. En 2023, le travail est encore d’actualité quant à l’acceptation du corps féminin dans la sphère publique.
à g. © Karla Hiraldo Voleau, à d. © Solène Ballesta
Des corps d’hommes érotiques et sensuels
Dans cette co-curation, le 8e art prend une place significative. La vision érotique du corps d’homme est alors vue sous différents prismes. À l’image d’un peep-show, 4 carrousels de 80 diapositives du collectif Lusted Men défilent dans un coin de la galerie, calfeutré de rideaux en velours rouge. L’endroit parfait pour regarder secrètement, seul·e ou à plusieurs, des images érotiques d’hommes. Les photos argentiques du·de la photographe, modèle et artiste visuel·le Mila Nijinsky respirent également l’amour, mais au pluriel. Alors que ses parents lui servent de modèles, iel rencontre aux États-Unis un couple d’hommes mûrs qui donneront naissance à une série photos pour illustrer l’amour queer. La photographe française Solene Ballesta s’inspire également de son entourage, plus précisément de sa muse fétiche : son mari. Résidant au Japon, elle n’hésite pas à l’utiliser comme protagoniste dans des mises en scènes minimalistes et percutantes.
Une vision plus politique de l’érotisation masculine est offerte par Rebekka Deubner dans la série Les saisons (thermiques). Avec le soutien du Centre national des arts plastiques, l’artiste s’immisce dans une communauté de testeurs d’anneaux thermiques, un moyen de contraception masculine. Les images, punaisées dans des boîtes en bois, questionnent la charge mentale de la contraception sur la femme. Une autre question politique se pose avec la série Hola Mi Amol de la photographe franco-dominicaine Karla Hiraldo Voleau. Dès son plus jeune âge, ses parents la mettent en garde en lui sommant de ne jamais sortir avec un Dominicain, les qualifiants de dragueurs invétérés. Quelques années plus tard, elle décide de retourner sur les plages dominicaines pour poser son regard sur leurs corps. Elle les accoste avec des phrases typiques de dragueurs et entre en séduction avec plusieurs d’entres eux. De cette expérience nait des nus et des autoportraits à la fois sensuels et incisifs. Mais la photographe n’est pas la seule artiste de cette exposition à s’être mise en scène. Kim utilise, elle, ses propres sextos, reçus et envoyés avec ses amants, afin d’illustrer des hommes hétérosexuels qui s’érotisent. Ne voulant plus être associée à cette série, l’artiste a utilisé un nom d’emprunt.
La 110 Galerie met en vente, sur place, un petit pochon de 10 diapositives d’images de l’exposition accompagné d’une petite visionneuse. De plus, le lieu sera exceptionnellement fermée du 17 au 21 janvier.
à g. © Mila Nijinsky, à d. © Rebekka Deubner
© Kim
Image d’ouverture : © Kim