À l’occasion de la parution d’un ouvrage que François Sagnes a réalisé, arrêt sur l’image galerie, à Bordeaux, présente Jardin de l’ombre. Ce travail, réalisé de mai 2008 à juin 2009, est une série de 88 photographies en noir et blanc réalisées sur la toiture de la Base sous-marine de Bordeaux, abandonnée à la friche depuis la dernière guerre. À l’image des compositions d’un jardin de méditation japonais et de ses points de vues fixes imposés, Jardin de l’ombre reprend des assemblages de quelques blocs minéraux que sont les éclats du béton et de quelques végétaux, sur un sol de tapis de mousse.
À l’inverse de la pensée du jardin japonais, dans lequel est absolument maîtrisé le travail du choix, des formes et des implantations des pierres, ici ce sont les aléas du devenir du lieu qui ont défini les formes et leurs compositions : le minéral des éclats de béton, depuis les bombardements dont ils sont issus, les végétaux adventices en croissance libre contraints par les rais de lumière… Le tout avec pour fonds les suintements du ciment des murs, comme dans le jardin japonais les murs d’enceinte sont imprégnés d’une terre empreinte de métaux ferreux qui s’oxydent avec le temps pour faire apparaître les formes évolutives de peintures d’arrière-plans.
Réflexion sur le monde et sur la vie pour laquelle ni les pensées sur la ruine du XVIIIe siècle, ni celles d’une mélancolie des ruines issues du Romantisme, ni les fascinations aujourd’hui en vogue pour les espaces délaissés, les ruines industrielles, les végétalisations, ni les notions de résilience ne sont aptes à nous donner des outils d’analyse pertinents. Pensées pour le moins inopérantes s’agissant du lieu de la base sous-marine d’où sont issus les motifs de ces photographies. Alors quoi ? Images de réflexion.