Invité des Matins d’été sur France Culture le 16 août dernier, le romancier et réalisateur franco-afghan Atiq Rahimi, lauréat du Prix Goncourt 2008, a appelé à secourir les artistes et journalistes afghans. Alors que les talibans ont pris le contrôle du pays et de sa capitale Kaboul, ces lanceurs d’alerte se trouvent en danger.
Après les attentats du 11 septembre 2001, l’écrivain et cinéaste Atiq Rahimi pressait déjà les ministères de la Culture, des Affaires internationales et de l’Éducation pour créer une école de sciences politiques en Afghanistan. Une solution pour former des cadres politiques au sein du pays et rendre le peuple autonome – et ne pas le laisser sous la tutelle des États-Unis et de l’Europe. Une initiative largement saluée mais qui, vingt ans plus tard, n’a pourtant toujours pas été concrétisée. À croire que les enjeux politiques dans la région ne l’ont pas permis… Mais aujourd’hui, alors que les talibans reprennent le contrôle du pays, il semble évident que ce délaissement entraîne de conséquences graves. Les images déroutantes de l’aéroport de Kaboul cette semaine, ainsi que les évacuations en urgence des ambassades en témoignent. L’accord signé entre les Américains et les talibans le 29 février 2020 pour retirer les troupes américaines, sous la présidence de Donald Trump, a été confirmé et exécuté par le président Joe Biden. Avec pour date butoir le 31 août, cette opération se poursuit à grande vitesse. Mais, dès que les soldats américains ont commencé à se retirer, le groupe islamique est reparti à l’assaut du pays. Depuis le printemps, ses partisans s’emparent, une par une, des différentes villes du territoire. Et ce dimanche 15 août, ils ont pris le contrôle de Kaboul, la capitale. Vingt ans après les attentats à New York qui ont secoué le monde, ces évènements sonnent comme un rappel alarmant de la réalité de la situation.
Face à cette conquête dramatique, Atiq Rahimi appelle à secourir les journalistes et artistes afghans sur le territoire. Ces derniers, qui ont en effet dénoncé pendant des années les violences exercées par les talibans dans le pays, se retrouvent aujourd’hui menacés et isolés sans aide de la coalition internationale. Alors, en collaboration avec le cabinet de la présidence française, et d’artistes autour du monde, il a identifié les lanceurs d’alerte en danger et cherche des solutions pour les évacuer du territoire. Après notamment les assassinats du photographe Danish Siddiqui le 16 juillet, du poète et historien Abdullah Atefi le 4 août, ou encore du journaliste et chef du service de communication du gouvernement Dawa Khan Menapal le 6 août, la situation devient absolument critique. Et, à l’antenne de France Culture le 16 août dernier, Atiq Rahimi a appuyé la nécessité de venir en aide à ces personnes. « J’appelle tous les pays, aussi bien la France que les autres, à trouver une solution pour apporter une résidence à ces artistes et ces journalistes », a-t-il conclu.
© Véronique de Viguerie