Johan Van der Keuken : cinéma et photographie d’indivisibles objets

17 mai 2023   •  
Écrit par Léa Boisset
Johan Van der Keuken : cinéma et photographie d’indivisibles objets

Du 16 juin au 17 septembre, le Jeu de Paume rendra hommage au photographe et réalisateur néerlandais Johan Van der Keuken, à travers une exposition qui rassemble plus de 150 clichés et documents inédits, embrassant les 45 années de carrière de cet artiste de la seconde moitiée du 20e siècle.

Si Roland Barthes, dans sa célèbre Chambre Claire, dissocie cinéma et photographie, cette dernière s’opposant au « style consécutif » du film, en fixant pour toujours ses objets dans un temps court et instantané, cette exposition se propose au contraire de rassembler ces deux médiums, affichant leurs liens au sein de l’œuvre de Johan Van der Keuken. Bien qu’il soit généralement défini par son métier de réalisateur, c’est pourtant à travers la photographie que son grand-père l’initie à l’art, à l’âge de douze ans. Il s’inscrit ensuite à l’IDHEC, faute, si l’on en croit son témoignage dans Aventures d’un regard, de bourse sérieuse pour étudier la photographie. En témoignage de l’unité et de la complémentarité de ces supports, ayant accompagné l’artiste tout au long de sa carrière, l’exposition du Jeu de Paume présente les photographies Johan Van der Keuken aux côtés de ses films, livres et écrits.

Johan van der Keuken, Selling lilies of the valley Paris mortel 1963, Maison Européenne de la Photographie © Noshka van der Lely

Johan van der Keuken, Selling lilies of the valley Paris mortel 1963, Maison Européenne de la Photographie © Noshka van der Lely

Mouvements vécus sur surfaces planes

Point commun à ces deux médiums, la difficulté de reproduire le vivant, le mouvant, dans toute sa réalité, sur surface plane. Et ce, en l’alliant à cette nécessité d’imposer une vision plastique et subjective du monde perçu, à travers un cadrage, une tonalité, un grain particuliers (et en partie artificiels), sans sombrer dans l’impressionnisme. Ces recherches de cadre et de temps sont au cœur des expérimentations de Johan Van Der Keuken, qui travaille sur les rapports entre image fixes et animées : le cliché « 42nd Street, New York, 1997 », sorte de montage qui juxtapose, comme le ferait une pellicule, des images de passants qui marchent, construit par exemple une série, à l’effet séquentiel, qui enclenche un mouvement, au sein de ce support a priori figé que serait la photographie. Les clichés de la seconde salle de l’exposition, « La ville organique », tentent également de saisir le rythme des habitant·es, le bouillonnement des grandes villes telles que Paris, New-York ou Amsterdam.

Johan van der Keuken, Buste Mountains Outside Moutains Inside 1975, Maison Européenne de la Photographie © Noshka van der LelyJohan van der Keuken, Autoportrait à 18 ans, 1956, Maison Européenne de la Photographie © Noshka van der Lely

à g. Buste Mountains Outside Moutains Inside 1975, à d. Autoportrait à 18 ans, 1956 / Johan van der Keuken, Maison Européenne de la Photographie © Noshka van der Lely

Johan van der Keuken, 42nd Street New York 1997 Colour transparancies Collection Nederlands Fotomuseum © Noshka van der Lely

Johan van der Keuken, 42nd Street New York 1997 Colour transparancies Collection Nederlands Fotomuseum © Noshka van der Lely

Image d’ouverture : Johan van der Keuken, 42nd Street New York 1997 Colour transparancies Collection Nederlands Fotomuseum © Noshka van der Lely

Explorez
Les images de la semaine du 26 mai 2025 : un autre regard sur le monde
Made in Hong Kong, de la série Huá biàn © Agathe Veidt
Les images de la semaine du 26 mai 2025 : un autre regard sur le monde
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye rendent hommage à Sebastião Salgado, évoquent le deuil, les déchets des...
À l'instant   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Sidewalk Stills, les déchets des marchés de Charles Negre
Sidewalk Stills © Charles Negre
Sidewalk Stills, les déchets des marchés de Charles Negre
Dans Sidewalk Stills, le photographe français Charles Negre offre un regard sensible sur les déchets qui parsèment les sols des marchés...
29 mai 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Thomas Paquet : « imposer une économie de gestes »
© Thomas Paquet. Vignettage
Thomas Paquet : « imposer une économie de gestes »
À l’occasion du Paris Gallery Weekend, la Galerie Thierry Bigaignon présente, jusqu’au 31 mai 2025, une exposition personnelle de...
29 mai 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
instax Wide Evo™ : l’alchimie instantanée selon Mathias Benguigui et Jonathan Bertin
© Jonathan Bertin
instax Wide Evo™ : l’alchimie instantanée selon Mathias Benguigui et Jonathan Bertin
Avec son nouveau boîtier instantané, instax™ de Fujifilm propose une promesse audacieuse : faire de chaque cliché un chef-d’œuvre. Afin...
28 mai 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 26 mai 2025 : un autre regard sur le monde
Made in Hong Kong, de la série Huá biàn © Agathe Veidt
Les images de la semaine du 26 mai 2025 : un autre regard sur le monde
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye rendent hommage à Sebastião Salgado, évoquent le deuil, les déchets des...
À l'instant   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les yeux dans les yeux, portraits de la collection Pinault
© Annie Leibovitz
Les yeux dans les yeux, portraits de la collection Pinault
À l’occasion de la cinquième édition d’Exporama, la Collection Pinault fait halte à Rennes avec une exposition magistrale sur le...
31 mai 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Le  7 à 9 de CHANEL, les visages pluriels d’Omar Victor Diop
© Omar Victor Diop
Le 7 à 9 de CHANEL, les visages pluriels d’Omar Victor Diop
Troisième invité du cycle "Le 7 à 9 de CHANEL", le photographe sénégalais Omar Victor Diop a offert au public du Jeu de Paume un moment...
30 mai 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Love, de la série Huá biàn © Agathe Veidt
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Agathe Veidt saisit la fête et les chants de révolte au cœur d’une boîte de nuit de renom à Shenzhen. De retour en France, elle tricote...
29 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger