Du 16 juin au 17 septembre, le Jeu de Paume rendra hommage au photographe et réalisateur néerlandais Johan Van der Keuken, à travers une exposition qui rassemble plus de 150 clichés et documents inédits, embrassant les 45 années de carrière de cet artiste de la seconde moitiée du 20e siècle.
Si Roland Barthes, dans sa célèbre Chambre Claire, dissocie cinéma et photographie, cette dernière s’opposant au « style consécutif » du film, en fixant pour toujours ses objets dans un temps court et instantané, cette exposition se propose au contraire de rassembler ces deux médiums, affichant leurs liens au sein de l’œuvre de Johan Van der Keuken. Bien qu’il soit généralement défini par son métier de réalisateur, c’est pourtant à travers la photographie que son grand-père l’initie à l’art, à l’âge de douze ans. Il s’inscrit ensuite à l’IDHEC, faute, si l’on en croit son témoignage dans Aventures d’un regard, de bourse sérieuse pour étudier la photographie. En témoignage de l’unité et de la complémentarité de ces supports, ayant accompagné l’artiste tout au long de sa carrière, l’exposition du Jeu de Paume présente les photographies Johan Van der Keuken aux côtés de ses films, livres et écrits.
Johan van der Keuken, Selling lilies of the valley Paris mortel 1963, Maison Européenne de la Photographie © Noshka van der Lely
Mouvements vécus sur surfaces planes
Point commun à ces deux médiums, la difficulté de reproduire le vivant, le mouvant, dans toute sa réalité, sur surface plane. Et ce, en l’alliant à cette nécessité d’imposer une vision plastique et subjective du monde perçu, à travers un cadrage, une tonalité, un grain particuliers (et en partie artificiels), sans sombrer dans l’impressionnisme. Ces recherches de cadre et de temps sont au cœur des expérimentations de Johan Van Der Keuken, qui travaille sur les rapports entre image fixes et animées : le cliché « 42nd Street, New York, 1997 », sorte de montage qui juxtapose, comme le ferait une pellicule, des images de passants qui marchent, construit par exemple une série, à l’effet séquentiel, qui enclenche un mouvement, au sein de ce support a priori figé que serait la photographie. Les clichés de la seconde salle de l’exposition, « La ville organique », tentent également de saisir le rythme des habitant·es, le bouillonnement des grandes villes telles que Paris, New-York ou Amsterdam.
à g. Buste Mountains Outside Moutains Inside 1975, à d. Autoportrait à 18 ans, 1956 / Johan van der Keuken, Maison Européenne de la Photographie © Noshka van der Lely
Johan van der Keuken, 42nd Street New York 1997 Colour transparancies Collection Nederlands Fotomuseum © Noshka van der Lely
Image d’ouverture : Johan van der Keuken, 42nd Street New York 1997 Colour transparancies Collection Nederlands Fotomuseum © Noshka van der Lely