Jusqu’au 25 juin, l’Angle photographies nous invite à découvrir une série de tirages uniques de Patxi Laskarai, né à Lekunberri en Basse-Navarre, que l’on pourrait qualifier de photographe régionaliste, en raison de son attachement aux paysages basques.
Patxi Laskarai arpente fréquemment le mont Okabe, hébergeant les cromlechs chers aux pyrénéens, ces poétiques cercles de pierres qui servaient de sépulture aux ancêtres, au-dessus de la forêt d’Iraty. Captif de la beauté et de la noblesse des lieux, Patxi Laskarai met cette nature basque au centre de son œuvre, en évacuant toute présence humaine. Ces clichés, d’une grande simplicité, se concentrent sur peu d’éléments : une branche d’arbre, un groupe de feuilles trouées par le ciel, ou encore une ligne d’horizon couronnée de quelques roches…
Morceaux de terre atemporels
Auprès de Patxi Laskarai, nous pénétrons dans un monde atemporel, aux lumières médianes, indéfinies, entre lueurs du matin, au lever du soleil et nuances crépusculaires. Le photographe capture des plaines arides, peuplées de roches mélancoliques, une terre vaine à la T.S Eliot, où règne le silence. Ces paysages, dénués de tout élément humain, semblent nous présenter une terre originelle, nous donnant l’impression d’être les témoins privilégié·es de scènes venues de temps immémoriaux, auxquels nous n’aurions aujourd’hui plus accès.
Les clichés, qui s’apparentent à des peintures par le traitement des couleurs et des objets aux contours floutés, constituent une série très harmonieuse, partageant les mêmes tons chauds, sombres et profonds. Les teintes obscures de la végétation, seul élément vivant des paysages, que l’artiste capture pourtant dans l’ombre, mêlées à un indistinct brouillard, renforcent le caractère austère et prophétique des photographies. L’artiste, qui travaille à l’argentique, expérimente en encrant lui-même ses tirages, sur des papiers manufacturés par Juan Barbe, sans toujours savoir quelle sera la réaction chimique des matières, ni le le rendu exact de l’impression.
© Patxi Laskarai