C’est un des plus récents festivals photo. Photoreporter en baie de Saint-Brieuc, est aussi un festival original. Notamment dans son financement, qui est public pour une part (150 000 euros), et privé de l’autre (120 000 euros). Cette dernière partie résultant d’un fonds de dotation qui rassemble des entreprises mécènes, une somme entièrement dédiée à la production de reportages. Autre singularité : le festival offre les moyens aux photographes de réaliser un reportage inédit via une dotation de 8000 euros. 247 projets ont été envoyés cette année suite à l’appel à candidature.
Les neuf auteurs retenus à l’issue de la sélection ont donc pu travailler en Chine, en Ouganda, au Sri Lanka, en Indonésie, au Japon, en Islande, en Macédoine… et en Bretagne. Photoreporter, comme son nom le laisse entendre, s’attache à des récits en images sur la marche du monde, et son directeur artistique, Marc Prüst, veille à diversifier les écritures au travers des photographes qu’il retient avec son comité de sélection.
On a aimé…
Travaillant au panoramique dans le bassin du fleuve Jaune, en Chine, Ian Teh, de l’agence Panos Pictures, interroge l’évolution du paysage qui court le long du 2e fleuve du pays (5 464 km). Avec des couleurs délicates, il tente de nous transcrire « les transformations d’une nation tout entière ». Exposé en extérieur sur des bâches géantes, des ombres portées parasitent parfois la vision des images, c’est un peu dommage.
Kazuma Obara, de l’agence Keystone, a lui été sélectionné lors du Word Press Photo 2016 pour un sujet sur les conséquences des essais nucléaires par le gouvernement américain dans les iles Bikini, en 1954, au Japon. Le photographe a travaillé sur l’histoire d’une famille dont il a utilisé des documents d’archives qu’il a associés à des photos prises avec un appareil leur appartenant, afin de raconter une histoire douloureuse, en dehors de tout pathos.
, de l’agence VII, a lui effectué une résidence de six semaines à Saint-Brieuc. Contrairement à ses précédents travaux réalisés en 24×36 en banlieue parisienne et à Marseille – qu’on a pu voir à Visa pour l’image il y a deux ans –, il a utilisé une chambre 10 x 12 cm pour photographier des paysages urbains et une série de portraits qui pourrait aussi bien figurer des faubourgs d’une ville américaine, espagnole ou anglaise. « J’ai travaillé sur l’idée que le particulier n’était pas ici dans le singulier, mais plutôt dans la tendance au conformisme, à l’homogénéisation », précise le photographe qui a prévu de donner une suite à ce « monde bâtit autour d’un capitalisme factice ».
En marge des photographes exposés, le Kolektif 2 dimansyon, collectif de photographes et de journalistes haïtiens, présentait quelques-uns de leurs travaux sur la frontière entre Haïti et la République dominicaine rassemblés dans une belle revue autoéditée. Mais nous aurons l’occasion d’y revenir prochainement, tout comme nous reviendrons sur l’installation d’une nouvelle structure, La Maison photographique, au cœur de la ville.