Rencontres Internationales Paris/Berlin : les promesses de l’édition 2022

02 mai 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Rencontres Internationales Paris/Berlin : les promesses de l’édition 2022

Avis aux passionné·es de cinéma, jusqu’au 8 mai, les Rencontres Internationales Paris/Berlin présentent une sélection exceptionnelle de 118 films. L’occasion de vous immerger dans la création cinématographique contemporaine et ses nombreuses expérimentations !

« Alors que l’histoire balbutie dans un monde en crise, aller à la découverte de ce que les artistes nous disent est plus que jamais nécessaire. La réflexion et l’invention de nouvelles formes audiovisuelles sont autant de mondes possibles et d’utopies nécessaires pour réinventer notre époque »,

déclarent Nathalie Hénon et Jean-François Rettig, les directeur·ices des Rencontres Internationales Paris/Berlin. Depuis sa création en 1997, le festival s’attache à proposer à son public une expérience audiovisuelle inédite. Après avoir mis au point une édition 2021 numérique, pour répondre aux contraintes propres à l’épidémie mondiale, l’événement s’installe cette année dans divers lieux parisiens – les Beaux-Arts, l’Auditorium du Louvre, le Centre Pompidou, la MEP, le Centre-Wallonie Bruxelles, la Rue Française et le Goethe-Institut – pour donner à voir 118 œuvres venues de 39 pays différents. Une véritable ode à la jeune réalisation qui saura charmer les passionné·es d’art contemporain comme de cinéma.

Autre nouveauté 2022, le lancement du Moving Image Art Prize. Une récompense attribuée à l’un des films de la programmation, confirmant la volonté du festival d’encourager les artistes. La remise du prix aura lieu à la fin de la manifestation, et sera retransmise en ligne et en direct.

© Apichatpong Weerasethakul© Apichatpong Weerasethakul

© Apichatpong Weerasethakul

Un véritable laboratoire de découverte

Au cœur de cette édition 2022 se trouve la rétrospective d’Apichatpong Weerasethak, réalisateur, scénariste et producteur thaïlandais. Prix du jury au Festival de Cannes en 2021, et Palme d’or en 2010, l’artiste explore, à travers son œuvre, des thématiques universelles aux résonances sensibles : le rêve, la nature, la sexualité – et notamment sa propre homosexualité – ou encore l’influence des cultures les unes sur les autres. Jouant avec les structures narratives et travaillant le non conventionnel, l’auteur s’inspire des émissions télévisées comme de la radio, engage des acteur·ices amateur·ices et leur laisse la liberté d’improviser pour saisir une honnêteté brutale, qu’il transporte ensuite dans un univers à la croisée du documentaire et de la fiction. Une collection de 27 films à (re)découvrir durant cette semaine.

Mais les Rencontres Internationales Paris/Berlin offrent également l’opportunité de visionner des créations prometteuses en avant-première française ou mondiale. Parmi elles, What the robot saw d’Amy Alexander, un film en livestream généré en continu, à partir d’algorithmes qui sélectionnent en permanence le contenu le moins intéressant de YouTube. Noyées dans un flux d’informations constant, ces vidéos n’ont généralement pour public que les robots qui les regardent. Dans We are such stuff as dreams are made on, Sam Crane fait dialoguer théâtre et jeux vidéo. Irrévérencieux, le film s’approprie le monde violent de GTA et le réimagine comme un espace méditatif, terrain d’adaptation des pièces de Shakespeare. Un clash culturel visant, en contrepoint, à interroger la notion de public dans un monde ultra-connecté.

Inspiré par les thématiques queer, Simon Paetau adapte, dans Mojana, un mythe traditionnel colombien : celui d’une sirène-monstre mangeuse d’hommes, à la fois crainte et désirée. Devenue symbole de résilience transféminine, la créature s’impose comme un emblème de la violence systématique dont souffrent les minorités queer. Un court-métrage faisant la part belle au corps, figure omniprésente, évoquant l’envie comme la dissidence. Un intérêt que l’on retrouve dans Images for Mars II, une installation vidéo de Karl Van Welden mêlant cinéma et danse. Le réalisateur y explore les effets d’une catastrophe sur le corps humain. Inspiré par les découvertes archéologiques de Pompéi et d’Herculanum, il met en scène une chorégraphie du chaos, tandis que sous une pluie de cendre, les silhouettes prennent les formes qui précèdent leur mort. De la fiction à l’expérimentation, du documentaire à l’hybridation, le festival s’impose cette année encore comme un véritable laboratoire de découverte et de créativité. Une programmation intense dont vous pouvez vous imprégner jusqu’au 8 mai !

© Amy Alexander

© Amy Alexander

© Sam Crane

© Sam Crane

© Apichatpong Weerasethakul© Vincent Hannwacker

© à g. Apichatpong Weerasethakul, à d. Vincent Hannwacker

© Simon Paetau

© Simon Paetau

© Karl Van Welden

© Karl Van Welden

© Dara Birnbaum© Ariane Loze

© à g. Dara Birnbaum, à d. Ariane Loze

Image d’ouverture : © Simon Paetau

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