Dune Varela est la 6e et dernière lauréate de la résidence BMW a avoir séjourné au musée Nicéphore Niépce, à Chalon-sur-Saône. Son travail, exposé aux Rencontres d’Arles tout l’été, interroge la représentation du paysage en photographie en même temps que la matérialité des images.
Il n’est pas anodin de noter que l’exposition de Dune Varela, Toujours le soleil, soit présentée au cloitre Saint-Trophime, un monument du 12e siècle de la cité arlésienne. En effet, les images qu’elle nous propose empruntent largement à l’iconographie archéologique de monuments antiques. Grottes, temples et ruines sont ainsi très présents dans cette exposition iconoclaste où l’artiste déchire, coupe, casse et détruit les images qu’elle nous donne à voir. « Je crois que ce que j’ai cherché à détruire, à déconstruire, c’est une forme de représentation du beau, du formel », analyse l’artiste dans un entretien publié dans le catalogue de l’exposition (éditions Trocadéro).
© Dune Varela
Plâtre, verre et céramique
Dune Varela s’est ainsi emparé d’images provenant de plusieurs sources : celles de la collection du musée Nicéphore Niépce – où se sont déroulées les cinq premières éditions de la résidence BMW –, des clichés collectés sur Internet, et des photos de temples en Sicile prises par l’artiste elle-même. Des photos qui ont ensuite été imprimées sur différentes matières : papier, plâtre, verre, céramique, métal… dont l’intégrité a été violemment malmenée. « Dune Varela fait le deuil de la représentation du sacré. (…) S’attaquer aux formes essentielles, à la grande Histoire, à cet univers des formes jamais remis en cause, satisfait le désir de se délivrer des pesanteurs héritées, explique François Cheval, ex-directeur du musée qui signe le commissariat de l’exposition. La vérité photographique n’est plus dans la prise de vue, mais dans son appropriation. »
© Dune Varela
Les codes de l’archéologie
« En multipliant les formats, les supports et les matières utilisées, je questionne la matérialité de l’image et sa forme de représentation,
déclare l’artiste. C’est aussi une manière d’interroger l’idée de pérennité, de plasticité et de bi-dimensionnalité de la photographie et d’utiliser ensuite dans un dispositif d’exposition les codes de l’archéologie. » Et c’est bien là tout le paradoxe de ce travail qui pose de vraies questions sur la nature de l’image tout en affirmant sa vulnérabilité jusqu’à sa disparition. « Ce travail parle de la destruction, de la disparition. (…) Il s’agit de la destruction de notre société occidentale, de notre idée de démocratie. (…) Je parle surtout de mon inquiétude, de cette dichotomie moderne qui consiste à vouloir conserver des morceaux du monde tout en le détruisant », conclut Dune Varela. Son exposition est présentée à Arles, au Cloître Saint-Trophime jusqu’au 24 septembre prochain.