Jordi Ballesta et Camille Fallet, les deux commissaires de l’exposition, n’ont pas eu de mal à convaincre Gilles Mora, directeur artistique du Pavillon populaire de Montpellier, par ailleurs spécialiste de la photographie américaine, de travailler sur les paysages documentaires produits par des universitaires, tous reconnus dans leur domaine.
Utilisant la photographie dans une stricte acception documentaire, « ces chercheurs photographes amateurs s’efforçaient non pas d’illustrer, mais de porter attention et questionner », précisent-ils. Jordi Ballesta et Camille Fallet sont donc partis huit semaines sur les routes des États-Unis, parcourant plus de 7 000 km pour écumer les centres de recherche et les domiciles des six auteurs afin d’en rapporter des images en grande partie inédites, qui n’ont été montrées que dans le cadre de publications scientifiques ou en cours, de l’autre côté de l’Atlantique.
En visitant la première partie de l’exposition Notes sur l’asphalte, une Amérique mobile et précaire, 1950-1990, on comprend d’autant mieux cette volonté scientifique qu’on découvre les archives de ces chercheurs photographes classées selon des thématiques architecturales et urbaines. On trouve ainsi des ensembles d’images regroupées par sujets : stations-service, silos à grains, panneaux publicitaires, routes principales… une manière de répertorier les éléments de la culture vernaculaire présents dans le paysage.
On remarque aussi que les universitaires travaillaient au 24 x 36, le plus souvent sans pied, privilégiant des « notes photographiques » prises pendant leur voyage, lorsqu’ils arrêtaient leur voiture sur le bord de la route. « Les six auteurs ont en commun de ne pas avoir cherché à produire des œuvres photographiques, mais d’avoir utilisé la photographie comme mode de notation principal, voire exclusif », précise Jordi Ballesta. Cinq d’entre eux utilisaient surtout la diapositive couleur, support relevant à cette époque d’une pratique amateur, par opposition au noir et blanc en usage dans le milieu fine art. L’autre avantage déterminant de la diapositive était de pouvoir l’isoler et la replacer dans une narration pédagogique en vue d’une projection pendant les cours. Les enseignants pouvant alors redistribuer les images en fonction de leurs propos.
Road trip en mode travelling
« Je pense que ces images ne doivent pas uniquement être considérées comme des documents culturels, qui renverraient à une période de l’histoire américaine, mais qu’elles doivent être perçues comme des “documents d’expérience” »,
insiste Camille Fallet…
L’intégralité de cet article est à retrouver dans Fisheye #23, en kiosque depuis le 10 mars et disponible sur
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