Tout au long de la première semaine de septembre, le festival Visa pour l’image a révélé les noms des photojournalistes lauréat·es de ses nombreux prix. Lumière sur l’Ukrainien Evgeniy Maloletka, gagnant du Visa d’or News.
Le 27 août a ouvert la 34e édition du festival de photojournalisme Visa pour l’image. Et comme chaque année, l’événement a récompensé celles et ceux qui ont fait de capturer et diffuser l’information leur mission. La semaine dernière, les nombreux Visas d’or, bourses et prix – organisé·es en partenariat avec de multiples institutions – ont révélé les noms de leurs lauréat·es 2022. L’occasion de se plonger dans des récits passionnants au cœur de l’actualité, et d’apprécier l’œil aiguisé des photographes qui se rendent aux quatre coins du monde pour nous l’apporter. Parmi eux ? Evgeniy Maloletka, qui remporte le Visa d’or News et Mads Nissen, le Visa d’or de la Presse quotidienne internationale. Sameer Al-Doumy obtient quant à lui le Visa d’or humanitaire du Comité international de la Croix-Rouge, et Lucas Barioulet celui de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik. Natalya Saprunova est récompensée par la Bourse Canon de la Femme Photojournaliste, et le Prix Camille Lepage a distingué Rebecca Conway. Enfin, Fabiola Ferrero s’impose comme la lauréate du Prix Carmignac du photojournalisme.
© Mads Nissen / Politiken
Le droit de vérité
Parmi ces récompenses, l’une des plus prestigieuses demeure le Visa d’or news. Pour la troisième fois, le Département des Pyrénées-Orientales offre au gagnant un prix de 8000 euros. Cette année, le photographe ukrainien Evgeniy Maloletka, travaillant pour Associated Press, a convaincu le jury. Il livre, avec Marioupol, un reportage glaçant, mettant en lumière les premières horreurs causées par la guerre ayant éclaté dans son pays d’origine. « La plupart des morts étaient abandonnés dans les rues. Il n’y a pas eu d’enterrements. Aucune cérémonie. Aucun rassemblement public pour pleurer les victimes des frappes incessantes de la Russie contre la ville portuaire devenue le symbole de la résistance farouche de l’Ukraine. C’était trop dangereux », peut-on lire, en guise d’explication face aux images. Des corps d’enfants, des corps d’innocents. Des tranchées abritant une douleur sans nom. Durant plus de quinze jours, Associated Press a été le seul média international présent dans la ville, et Mstyslav Chernov et Evgeniy Maloletka les seuls photojournalistes à témoigner, à partager au monde la vérité. Une tâche dangereuse, qui rend le Kremlin furieux – l’ambassade de Russie à Londres estampille notamment leurs clichés de « fake ». Contraints à quitter la ville en secret – « s’ils vous attrapent, ils vous mettront devant une caméra et vous feront dire que tout ce que vous avez filmé était un mensonge », prévient un policier – ils reçoivent aujourd’hui la reconnaissance qu’ils méritent. Car, à travers ces clichés poignants transparait le droit de vérité.
© Evgeniy Maloletka / Associated Press
© Sameer Al-Doumy / AFP Lauréat du Visa d’or humanitaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR)
© à g. Rebecca Conway Lauréate du prix Camille Lepage, à d. Lucas Barioulet pour Le Monde Lauréat du Visa d’or de la Ville de Perpignan
© Natalya Saprunova / Zeppelin Lauréate de la Bourse Canon de la Femme Photojournaliste
Image d’ouverture : © Evgeniy Maloletka / Associated Press