À tout juste 24 ans, Charlotte Abramow ne s’interdit rien et réussit tout ce qu’elle entreprend : projets personnels, shootings de mode, réalisations de clips… Son regard décalé ausculte les corps avec humour et délicatesse.
Qu’elle photographie les transformations de l’adolescence dans Metamorphosis, la beauté intemporelle d’une femme de 74 ans dans Claudette, qu’elle revisite Ingres au masculin avec Le Grand Odalisque, ou qu’elle mette en scène les contorsions d’un corps à demi-nu dans Équilibre instable, Charlotte Abramow a toujours un regard plein de délicatesse, coloré par son approche ludique. Mais la jeune artiste travaille aussi pour les magazines de mode, prépare la prochaine affiche du Salon de la photo, photographie les seins de ses amies qu’elle compare à des fruits, et réalise des clips, comme celui des Passantes de Georges Brassens, qui est sorti le 8 mars à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. « J’aimerais apporter un nouveau regard sur le corps : celui de la curiosité. Qu’on s’en étonne, comme si l’on prenait un nouveau point de départ. Jouer avec lui. Le voir comme un ami dont on peut rire, faire des expérimentations visuelles avec et s’émerveiller face à ses contorsions, ses accidents. Voir aussi le corps comme un paysage abstrait. En tous cas, le détacher de sa notion d’objet de séduction et de désir, et relâcher un peu la pression qu’on met dessus. Photographier le corps des gens, c’est aussi entrer dans leur intimité, c’est là que le rapport ludique et humoristique à la chair permet une voie d’accès, car on vit l’expérience vraiment ensemble ». Née en 1993, à Bruxelles, Charlotte Abramow a suivi son premier stage aux Rencontres d’Arles en 2010 avec Paolo Roversi, qui raconte qu’elle « fait preuve de beaucoup de volonté, d’énergie et a l’âme d’une guerrière ». En 2013, elle intègre Gobelins, l’École de l’image, décroche le prix Picto de la jeune photographie de mode l’année suivante, et sort diplômée de l’institution parisienne en 2015. Elle prépare un livre et une exposition sur un projet intitulé Maurice. Dans cette série dédiée à son père, qui a appris à l’âge de 79 ans, en 2011, qu’il était atteint d’un cancer, la jeune femme photographie ce personnage fantasque dans la traversée de la maladie jusqu’à sa guérison.
© Charlotte Abramow
Vidéo : Nina Peyrachon