Hier soir, le fondateur et directeur du festival international de Mode, de Photographie et d’Accessoires de Mode à Hyères, Jean-Pierre Blanc, a annoncé les dix finalistes du prix photo de la 36e édition. Focus sur leurs univers.
La promotion, et le soutien de la création internationale n’a pas eu raison de la pandémie. Le lancement du 36e festival international de Mode, de Photographie et d’Accessoires de Mode a bien eu lieu ce mardi 6 avril, dans la soirée. Une heureuse nouvelle pour les créateurs, qui ne verront pas leur calendrier chamboulé, ni pour la culture et les spectateurs passionnés. « Le service public de la culture doit transmettre l’espoir aux jeunes, et notamment concernant l’avenir de la mode » a lancé en guise d’introduction le fondateur et directeur du festival Jean-Pierre Blanc.
Parmi les trente heureux élus, dix photographes talentueux choisis par un jury présidé par Dominique Issermann. À ses côtés, l’agent de mannequins Didier Fernandez, le metteur en scène Yves-Noel Genod, le photographe Ollivier Hersart, l’opérateur numérique David Martin, la mannequin et réalisatrice Anne Rohart, et la photographe lauréate du Grand Prix du jury photographie, Hyères 2020 Guanyu Xu.
Stimuler nos imaginaires
Quelle joie de retrouver parmi les dix finalistes Gabriel Dia. Ce photographe sénégalais interroge à travers ses créations à la croisée des médiums les notions de corps, et de genre. Plus qu’un outil d’expression, le 8e art est pour lui un moyen de mettre en valeur une communauté LGBTQ + fière et libre. Ella Bats interroge quant à elle notre rapport au monde – le monde intérieur de l’individu, et sa manière de le représenter. À travers ses créations singulières, elle fait donc appel à notre imaginaire, et installe un dialogue sur les notions d’humanité, et de diversité culturelle. Le duo d’artistes plasticiens Emma Charrin & Olivier Muller stimule lui aussi nos imaginaires. En créant des performances et des installations, les auteurs investissent des espaces vides, et créent des rituels honorant la terre. La plus grande inspiration d’Anna Muller ? La couleur. « Je vois, j’entends et je ressens tout à travers elle. C’est ma poésie, ma musique et ma passion », explique-t-elle sur son site. Humour, ou auto-ironie, tous les prétextes sont bons pour inventer de nouvelles formes. Elle excelle par exemple dans l’art du collage.
© Gabriel Dia
Diplômée des Beaux-Arts de Paris et du Fresnoy, Isabella Hin explore, à travers ses compositions, la dualité entre l’immobilité de l’image photographique et le mouvement des fluides. En plaçant les liquides au cœur de ses œuvres, elle construit des tableaux abstraits, jouant avec notre perception du réel. Thomas Nondh Jansen place, de son côté, l’humour au cœur de ses créations. Se spécialisant dans les natures mortes loufoques, le photographe, venu de Bangkok, s’attache à transformer et transcender l’ordinaire. C’est à l’Institut français de la Mode que Pitchaya Koowattanataworn fait ses armes. Privilégiant une approche minimaliste, l’artiste érige des statues éphémères faites de divers accessoires. Des créations surréalistes, détournant avec malice notre quotidien. Composé d’AnaHell et Nathalie Dreier, le duo Red Rubber Road place le corps humain au centre de ses projets. « Il est l’outil le plus accessible, le plus puissant pour s’exprimer », déclarent-elles. Une manière pour ces autrices d’interroger les notions d’identité, de statut social, de genre, ou même notre rapport à la nature.
© Red Rubber Road
Grand voyageur et directeur artistique du festival Map à Toulouse, Ulrich Lebeuf s’est toujours consacré, avec un détachement singulier, à capturer les évènements qui ont rythmé l’actualité. Dans ses compositions, son approche directe, documentaire et frontale se mêle à ses multiples expérimentations techniques. Enfin, avec un usage traditionnel et manuel de l’argentique en noir et blanc, le russo-finlandais Sergei Pavlov privilégie une esthétique minimaliste et aérienne pour saisir ses modèles. Son leitmotiv ? Questionner la condition humaine, à travers le spectre des émotions. Autant d’artistes qui redessinent les contours de la photographie de mode aujourd’hui.
Chacun des dix candidats sélectionnés devra réaliser un tirage unique à partir d’une sélection de pièces American Vintage. Les dix tirages seront exposés durant le festival, au sein de la villa Noailles, du 14 au 17 octobre 2021. Et c’est durant le festival que le ou la lauréat(e) du Grand Prix du jury sera annoncé(e). Il ou elle recevra une dotation de 15 000 euros, pour la commande d’une série photo.
© Ulrich Lebeuf
© Thomas Nondh Jansen
© Isabella Hin
© Sergei Pavlov
Image d’ouverture © Gabriel Dia