La cinquième édition Des femmes s’exposent a dévoilé sa programmation ! Du 8 juin au 4 septembre, le festival présentera quatorze expositions à Houlgate. Un programme – et un week-end d’ouverture – riche en beauté comme en engagement.
Si ces dernières années de nombreuses actions ont été mises en place pour bousculer l’ordre des choses – on pense notamment au parcours Elles x Paris Photo, au programme Women In Motion initié par Kering, à la place accordée aux femmes dans les expositions Guerlain ou aux différentes actions des Filles de la photo – les autrices ne sont toujours pas mises en avant à leur juste valeur. Aujourd’hui, moins d’un quart des photographes des grandes agences sont des femmes, et seulement 25% de la programmation des événements photographiques mettent en avant leurs travaux. Une injustice que le festival Les femmes s’exposent entend abolir. Pour sa cinquième édition, qui se déroulera du 8 juin au 4 septembre à Houlgate, en Normandie, il présentera quatorze expositions, deux prix et une bourse ainsi que trois projets pédagogiques dédiés aux travaux réalisés par des créatrices. « Cette édition est plus que jamais placée sous le signe de la résilience. Les artistes nous proposent des immersions dans un monde tourmenté, en pleine mutation, tout en nous invitant à prendre de la hauteur, à lâcher prise, à nous confronter à la magie du vivant, et à réfléchir à un futur plus harmonieux », annonce Béatrice Tupin, directrice du festival.
© Hannah Reyes Morales
Des travaux aussi esthétiques qu’engagés
Cette année, Les femmes s’exposent a choisi de rendre hommage au Liban, un pays marqué, depuis 2018, par une crise socio-économique sans précédent. Une situation précipitée par l’impact du Covid-19 et l’explosion du port de Beyrouth, en août 2020 qui a dévasté une grande partie des quartiers de la capitale. Alors que la livre libanaise ne cesse de perdre de sa valeur et que 80% de la population du pays vit sous le seuil de pauvreté, la classe politique, névrosée par la corruption et l’irresponsabilité, laisse la nation dans une impasse. À travers les regards de Ieva Saudargaitė Douaihi, Manu Ferneini, Rima Maroun et Laura Menassa, le festival célèbre la résilience libanaise, et la créativité qui parvient, malgré tout, à s’extirper d’une situation complexe. Un focus appuyé par une série de projections, prévue lors du week-end d’ouverture du festival.
Affirmant sa volonté de présenter des travaux aussi esthétiques qu’engagés, Les femmes s’exposent donne également à voir Les oubliées, travail plastique splendide d’Anaïs Boudot. Un projet inspiré par les expérimentations sur plaques de verre de Picasso et Brassaï. Touchée par la réputation douteuse des auteurs, la photographe se réapproprie leur procédé pour rendre visibles les femmes qui furent de simples « muses, modèles et compagnes ». Un acte de réparation révélant un engagement profond. Difficile, enfin, de ne pas évoquer l’Ukraine au cœur de cette édition 2022. Oksana Parafeniuk, photographe indépendante établie à Kiev a documenté « la vie d’avant » – une collection de six ans d’images illustrant un pays transformé brutalement par une catastrophe. « Toute l’Ukraine, en lutte pour sa liberté, est en proie à une douleur et un chagrin immenses. Maintenant plus que jamais, je comprends l’importance de documenter mon pays, de préserver la mémoire des villes ukrainiennes et des Ukrainiens chaque jour qui passe », déclare l’artiste.
De la beauté pure aux enjeux sociétaux, cette nouvelle édition des Femmes s’exposent présente à nouveau un éventail impressionnant de travaux. Une programmation riche réaffirmant le rôle nécessaire des femmes artistes dans le monde artistique d’aujourd’hui.
© à g. Ieva Saudargaitė, à d. Laura Menassa
© Anaïs Boudot
© Oksana Parafeniuk
© à g. Stéphanie Branchu, à d. Axelle de Russé
© Manu Ferneini
© Rima Maroun
Image d’ouverture : © Rima Maroun