Mosaïque et symphonie, la valse des hirondelles

06 février 2021   •  
Écrit par Finley Cutts
Mosaïque et symphonie, la valse des hirondelles

Jusqu’au 16 février, la Galerie Thierry Bigaignon présente Le Bleu du Ciel, le projet des lauréats du Prix Swiss Life à 4 mains : Edouard Taufenbach et Régis Campo. Une invitation à la valse, sensuelle et héroïque, d’une volée d’hirondelles.

Tout commence avec un souvenir d’enfance. Dans sa campagne natale, non loin des Vosges, le photographe Edouard Taufenbach assistait chaque année au grand départ des hirondelles vers l’Afrique. Symboles de liberté et d’évasion, ces oiseaux migrateurs deviennent les muses d’un récit de voyage, qui n’est jusque-là rien d’autre qu’un rêve de jeunesse. C’est avec la rencontre du compositeur, et membre de l’Académie des Beaux-Arts, Régis Campo, que ce songe enfantin se développe en une passion commune. Comme l’illustre Nathalie Martin, déléguée générale de la Fondation Swiss Life, « le vol de l’hirondelle se fait à la fois partition de musique, avec ses ruptures et ses silences, et symphonie d’images ». À 4 mains, photographe et compositeur, conçoivent Le Bleu du Ciel : une ode à ce petit oiseau, qui chaque année parcourt des milliers de kilomètres à travers montagnes, mers et déserts, dans un périple digne d’un roman – ou d’un conte photo-musical.

© Edouard Taufenbach

Une mosaïque chantante

Dans un élan tout à fait original, le Prix Swiss Life à 4 mains récompense depuis sa création l’alliance entre le 8e art et la musique. C’est donc en échangeant éléments photographiques et musicaux que les lauréats ont fait évoluer le projet jusqu’à l’œuvre qu’on découvre aujourd’hui. D’abord conçu dans l’esprit d’Edouard Taufenbach, c’est lors d’un confinement pendant sa résidence à la Villa Médicis de Rome, que l’aspect photographique se développe avec l’aide d’un autre auteur : Bastien Pourtout. De quatre, on passe alors à six mains. Une véritable collaboration artistique, où les deux œuvres se complètent sans jamais dépendre l’une de l’autre. L’essentiel ? Que les deux perspectives ne fassent pas doublons, explique Régis Campo. « Comme les plus belles musiques de films, elles fusionnent avec les images, elles ne sont pas redondantes mais les nourrissent. Elles disent ce que l’image ne dit pas », rappelle-t-il. Sans jamais empiéter, les compositions musicales embellissent le parcours visuel, et, l’assemblage d’hirondelles ne saurait distraire du concert enivrant.

À une symphonie colorée répond une mosaïque chantante. Les nuances de bleus évoquent la richesse d’un ciel changeant. La mélodie enjouée rappelle le vol d’oiseaux au-dessus de nos têtes. « J’ai construit mes images avec une préoccupation musicale afin que ce soit une lecture en mouvement, des images qui ne soient pas figées, qu’on puisse les faire danser dans nos têtes », raconte Edouard Taufenbach. Expérience immersive, poésie sensible, l’exposition se vit comme une balade lyrique dans les airs. Peut-être qu’« une hirondelle ne fait pas le printemps », mais toute une volée, s’agitant autour de nous, ne peut que présager des jours meilleurs. La Galerie Thierry Bigaignon flotte dans les cieux et devient, jusqu’au 16 février, une étape de repos sur le long pèlerinage des hirondelles.

© Edouard Taufenbach

© Edouard Taufenbach

© Edouard Taufenbach

© Edouard Taufenbach & Bastien Pourtout. Courtesy Prix Swiss Life à 4 mains & Galerie Thierry Bigaignon



Le bleu du ciel, The Light © Régis Campo

Explorez
La sélection Instagram #497 : ni blanc ni noir
© collage.art.syb / Instagram
La sélection Instagram #497 : ni blanc ni noir
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine plongent dans un océan monochrome. Iels sondent les nuances de gris, les noirs...
11 mars 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #535 : Clara Vincent et Francesco Freddo
© Francesco Freddo
Les coups de cœur #535 : Clara Vincent et Francesco Freddo
Clara Vincent et Francesco Freddo, nous coups de cœur de la semaine, se sont tous·tes les deux plongé·es dans le médium photographique...
10 mars 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 03.03.25 au 09.03.25 : affirmation de soi et curiosité
© Clémentine Balcaen
Les images de la semaine du 03.03.25 au 09.03.25 : affirmation de soi et curiosité
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye partagent des récits d’affirmation de soi. En parallèle, elles révèlent...
09 mars 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Photographie post-mortem : pont sensible entre vivant·es et défunt·es
© Hervé Bohnert. Exposition Les Immortels à la librairie Alain Brieux, photographe non identifié, sans titre, vers 1860.
Photographie post-mortem : pont sensible entre vivant·es et défunt·es
Le livre Posthume rassemble une centaine de clichés de défunt·es et d’objets funéraires issus de la collection de l’artiste Hervé...
06 mars 2025   •  
Écrit par Ana Corderot
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Fisheye #70 : la photographie de mode montre ses griffes
© Léo Baranger
Fisheye #70 : la photographie de mode montre ses griffes
Alors que la Fashion Week parisienne vient de s’achever, Fisheye consacre son numéro #70 à la mode. Au fil des pages, photographes et...
À l'instant   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Man Ray célébré par Reporters sans frontières
© Man Ray
Man Ray célébré par Reporters sans frontières
Pour son 78e album photographique, Reporters sans frontières, l'association engagée pour la liberté de la presse, met à l'honneur l'œuvre...
11 mars 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
La sélection Instagram #497 : ni blanc ni noir
© collage.art.syb / Instagram
La sélection Instagram #497 : ni blanc ni noir
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine plongent dans un océan monochrome. Iels sondent les nuances de gris, les noirs...
11 mars 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Dans l'œil de Lorène Durret : Marc Riboud et la guerre du Vietnam loin du front
Un dimanche après-midi au bord du Petit Lac à Hanoï, Nord Vietnam, 1969 © Fonds Marc Riboud au musée Guimet
Dans l’œil de Lorène Durret : Marc Riboud et la guerre du Vietnam loin du front
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de Lorène Durret, co-commissaire de l’exposition Marc Riboud – Photographies du Vietnam 1966-1976...
10 mars 2025   •  
Écrit par Marie Baranger