En cette période riche en actualité photographique, le salon Approche vous accueille jusqu’au 11 novembre. Quatorze artistes explorent le médium photographique. Une visite indispensable.
« Un salon à taille humaine, plus intime qu’une grande foire, et construit comme une exposition. »
C’est ainsi qu’Emilia Guenardi définit le salon Approche au micro de Brigitte Patient (entrevue du 4 novembre 2018 disponible en replay sur le site de France Inter). La fondatrice Emilia Guenardi et sa collaboratrice Elsa Janssen assurent le commissariat et poursuivent leur exploration du médium pour la deuxième édition.
« C’est de la photographie, pas de l’art », affirmait Baudelaire. Qu’est-ce qui définit une œuvre d’art ? Qu’est-ce que l’art ? Le processus de création ou le résultat ? Bien d’autres après le poète torturé se sont questionnés et le débat restera sans doute infini. Force est de constater que les lignes ont changé et que la photographie s’ouvre à de nouveaux horizons artistiques. En témoigne le travail des quatorze artistes sélectionnés au 40, rue de Richelieu, à Paris. Collage, sculpture, dessins, vidéos… au salon Approche, l’objet photographique est multiple et intrigant.
© Ruth Van Beek / Courtesy The Ravestijn Gallery
Civilisation occidentale, absurde et violente
Parmi les quatorze artistes présentés, le visiteur pourra découvrir David De Beyter et les « Big Bangers », dont la pratique consistait à démolir des voitures. Ses installations témoignent de la brutalité de la pratique et renvoient à notre civilisation occidentale, absurde et violente.
«Depuis le 1erseptembre 2017, mon téléphone sonne chaque jour à midi. Le rappel s’appelle C. « C » comme ciel, cyan et cyanotype », explique Maria Clerel, l’auteure de Rendez-vous. Depuis plus d’un an, la photographe française a rendez-vous avec le soleil et utilise la lumière comme sujet d’interrogation poétique. Elle expose dans un calendrier non identifié des feuilles de papier photo-sensibilisé aux UV grâce à la chimie du cyanotype. Un dégradé de bleu chimique et poétique.
Plus loin, Emmanuelle Fructus présente de petits personnages incongrus. Depuis plusieurs années, cette dernière collecte des photographies de famille anonymes délaissées. Elle les récolte, les classe et les découpe afin de leur donner une seconde vie. Un travail de couturière qui présente un nouvel ordre des choses : ces formes humaines ne sont plus classées selon leur identité, mais selon leur densité et brillance.
© Emmanuelle Fructus
No more, no less
Avec No more, no less, Thomas Sauvin et Kensuke Koike questionnent eux aussi l’identité. Tous deux ont travaillé à partir d’un cahier retrouvé sur un marché. Un objet appartenant à un étudiant chinois en photographie d’une université de Shanghai datant des années 1980. Cet album réunit des négatifs, tirages argentiques et commentaires manuscrits d’un professeur anonyme. No more, no less présente de nouvelles épreuves argentiques réalisées à partir des négatifs originaux et sur lesquelles l’artiste japonais Kensuke Koike est intervenu. Découpages, collages minutieux, Kensuke déconstruit l’image en suivant une règle formelle : rien n’est retiré, rien n’est ajouté. Sans intention politique aucune, le duo invite tout de même à réfléchir sur notre société. Propagande, dictature et autres non-dits politiques… Ne vivons-nous pas sous le règne du faux ? Comment dissocier le vrai du factice ? Et finalement, n’est-il pas préférable de réécrire la réalité pour in fine l’accepter ? Ce travail sublime, comme les treize autres, rappelle que la photographie est avant tout une expérience.
© David De Bayter / Courtesy Galerie Cedric Bacqueville
© Marie Clerel / Courtesy Galerie Binome
© Thomas Sauvin et Kensuke Koike
Informations pratiques
Horaires d’ouverture au public, sur réservation :
Vendredi 9 & samedi 10 novembre, de 13h–19h
Nocturne samedi 10 novembre jusqu’à 22h
Dimanche 11 novembre, de 13h–17h
Réservations sur approche.paris