Avec The Black Pool, le photographe Miguel Brusch, installé à Berlin, signe le portrait poignant d’une ville balnéaire anglaise, touchée par la crise.
Miguel Brusch, photographe berlinois de 35 ans, a toujours été passionné par les arts visuels, notamment le cinéma. C’est en découvrant un documentaire dédié au photographe James Nachtwey (War Photographer de Christian Frei) que l’artiste a décidé de se consacrer au 8e art. « J’ai un profond respect pour cet homme, confie Miguel Brusch. Ses images présentent une réalité poignante, sans pour autant tout dévoiler. Il force ainsi le regardeur à s’interroger, à s’intéresser à ce que montrent les clichés. »
Inspiré par les récits de guerre du photojournaliste américain, Miguel Brusch adopte une approche « artistico-documentaire ». Son objectif ? « Capturer plusieurs aspects de la réalité. Si mon travail provoque de l’émotion et pousse les gens à se questionner, c’est une réussite », commente-t-il. Pour son projet The Black Pool, le photographe a effectué six voyages à Blackpool, une ville balnéaire d’Angleterre connue pour avoir majoritairement voté en faveur du Brexit. Un périple d’un an et demi durant lequel Miguel Brusch a oscillé entre violence et fantasme, rêve et réalité.
Nostalgie et désillusion
« Si des millions de touristes voyagent à Blackpool chaque année, la ville est en pleine crise. Les hôtels se dégradent, et le taux de chômage est l’un des plus importants de Grande-Bretagne »,
précise le photographe. Un quotidien difficile pour les habitants. Pour eux, le Brexit s’est imposé comme un nouvel espoir, un moyen d’attirer plus de touristes nationaux.
En arrivant sur place, Miguel Brusch souhaitait documenter les contrastes entre l’industrie touristique et l’économie précaire de Blackpool. Pourtant, au fil de ses voyages, un autre récit s’est construit : « J’ai souhaité mettre en lumière la volonté de s’échapper de cette triste réalité. L’illusion que cet endroit essaie de créer », confie-t-il. Une émotion intense, qui marque les nombreux portraits du photographe. Dans les regards, se lisent nostalgie et désillusion. « Tous les habitants avaient ce quelque chose qui me faisait m’arrêter. Ils reflètent tous mon ressenti de Blackpool », précise le photographe. En contrepoint, la mer, omniprésente. Puissante et énigmatique, elle enferme les habitants de Blackpool dans leurs souffrances, et invite l’imaginaire dans la série. Une dimension onirique qui vient nourrir l’effroi, mais aussi l’espoir d’un jour meilleur.
© Miguel Brusch