Une Chine postapocalyptique

14 mars 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Une Chine postapocalyptique

La photographe française Marilyn Mugot a voyagé en Chine de 2016 à 2018. Là-bas, elle a réalisé Night Project, une errance dans les villes du pays inspirée de la science-fiction.

Installée en banlieue parisienne, la photographe Marilyn Mugot s’est initiée au 8e art durant ses études de graphisme. Fascinée par les ambiances du monde urbain, l’artiste est attirée par les métropoles et leurs atmosphères singulières. En 2014, elle a entrepris un voyage, seule, aux États-Unis, en quête d’inspiration. « À cette époque, je faisais de la photographie de mode, mais je me sentais limitée, frustrée, comme si ces créations ne me représentaient pas véritablement », confie Marilyn Mugot. Un road trip qui a changé son approche photographique : « Les paysages américains avaient exacerbé le besoin de mêler mes influences esthétiques avec l’imaginaire – l’univers de la science-fiction notamment. »

De 2016 à 2018, l’auteure a voyagé plusieurs fois en Chine, se laissant guider par son intuition. « Ma recherche se portait sur les enseignes éclairées par des néons, qui jalonnent les rues des villes chinoises. Un dispositif d’éclairage que l’on ne retrouve plus en Occident, car il a été remplacé par la lumière LED », précise-t-elle. Une lumière emblématique de l’âge d’or de la science-fiction hollywoodienne, qui marque profondément sa série Night Project.

© Marilyn Mugot

Au cœur d’une dystopie futuriste 

« La Chine inspirait mon imaginaire. S’il s’agit d’un pays en pleine mutation, économique comme culturelle, je ne recherchais pas les lieux touristiques, mais plutôt la perte de repères qui me faisait ressentir cette notion de “fin des temps” »,

explique Marilyn Mugot. Perdue dans les ruelles des villes, la photographe s’est imprégnée d’une atmosphère étonnante, évoquant les paysages urbains postapocalyptiques des réalisations fantastiques. « L’éclairage aux néons peut être retrouvé dans des films comme Blade Runner, Total Recall, ou dans les fictions de Philip K Dick, raconte la photographe. Ces longues marches dans la nuit m’ont fait vivre des émotions intenses : mélancolie, nostalgie, solitude ou encore spleen baudelairien… »

Évoluant dans des lieux déserts, intemporels, la photographe s’est approprié les espaces urbains. Éclairés par une lumière violette, presque spectrale, les paysages prennent une dimension effrayante. Sommes-nous coincés dans une dystopie futuriste ? La fin du monde est-elle proche ? Ne reste-t-il de la civilisation humaine que des constructions de béton ? En écartant l’humain de ses images, Marilyn Mugot devient l’auteure d’un récit d’anticipation inquiétant. « Un jour, nos réalisations seront probablement les derniers vestiges de notre passage sur Terre, affirme-t-elle. J’espère faire voyager le regardeur vers un autre espace-temps, en parasitant ses repères géographiques et temporels. » Un voyage futuriste troublant.

© Marilyn Mugot

© Marilyn Mugot© Marilyn Mugot

© Marilyn Mugot© Marilyn Mugot© Marilyn Mugot

© Marilyn Mugot© Marilyn Mugot

© Marilyn Mugot

© Marilyn Mugot

Explorez
Les coups de cœur #564 : Lycien-David Cséry et Ana da Silva
© Ana da Silva
Les coups de cœur #564 : Lycien-David Cséry et Ana da Silva
Lycien-David Cséry et Ana da Silva, nos coups de cœur de la semaine, prêtent attention aux détails. Le premier observe les objets et les...
Il y a 11 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 27 octobre 2025 : communautés et rétrospectives
Jennifer et Saba, de la série We're Just Trying to Learn How to Love © Hamza Ashraf
Les images de la semaine du 27 octobre 2025 : communautés et rétrospectives
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, nous vous parlons de différentes communautés, de sentiments amoureux et de rétrospectives...
02 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Du cauchemar aux monstres : des séries photo pour Halloween
© Diego Moreno, ABISMOS, from the series Malign Influences, 2020
Du cauchemar aux monstres : des séries photo pour Halloween
Des peurs les plus enfouies aux allégories d'une minorité opprimée, des croyances étranges aux expérimentations en chambre noire pour...
31 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Peinture, coulée d'or et sculpture : la séance de rattrapage Focus
Zoé Bleu Arquette. Une nuit étoilée, 2025 © Rose Mihman
Peinture, coulée d’or et sculpture : la séance de rattrapage Focus
Les photographes des épisodes de Focus sélectionnés ici proposent de découvrir la photographie à travers différentes techniques...
29 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nos derniers articles
Voir tous les articles
5 questions à Charlotte Abramow : le souvenir de Maurice
© Charlotte Abramow
5 questions à Charlotte Abramow : le souvenir de Maurice
Sept ans après la publication de son ouvrage Maurice, tristesse et rigolade, Charlotte Abramow rouvre les pages de l’histoire de son...
Il y a 6 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #564 : Lycien-David Cséry et Ana da Silva
© Ana da Silva
Les coups de cœur #564 : Lycien-David Cséry et Ana da Silva
Lycien-David Cséry et Ana da Silva, nos coups de cœur de la semaine, prêtent attention aux détails. Le premier observe les objets et les...
Il y a 11 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 27 octobre 2025 : communautés et rétrospectives
Jennifer et Saba, de la série We're Just Trying to Learn How to Love © Hamza Ashraf
Les images de la semaine du 27 octobre 2025 : communautés et rétrospectives
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, nous vous parlons de différentes communautés, de sentiments amoureux et de rétrospectives...
02 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Elise Jaunet : quand l’intime devient manifeste
© Elise Jaunet
Elise Jaunet : quand l’intime devient manifeste
À travers sa série Faire corps – Journal d’une métamorphose, l’artiste nantaise Elise Jaunet explore la traversée du cancer du...
01 novembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas