Discret depuis cinq ans, le groupe de rock psychédélique Tame Impala sort aujourd’hui son nouvel album The Slow Rush. Le visuel de la pochette dévoile une intrigante maison habitée par des monticules de sable. Mais qui se dissimule derrière cette création ? Lumière sur Neil Krug.
De la composition à la production, en passant par l’enregistrement, Kevin Parker – le leader de Tame Impala – développe seul ses albums. Et ce, depuis la sortie en 2015 de l’opus Currents, au succès mondial remarquable. Une performance que l’artiste australien poursuit avec The Slow Rush qu’il enregistre lui-même avec plus de cinquante instruments différents. Égoïste ou virtuose, ce multi-instrumentiste accepte tout de même de se faire épauler par d’autres talents. Notamment pour l’artwork de ses albums. Neil Krug signe la collection artistique de ce quatrième recueil musical.
Lana Del Rey, A$AP Rocky, ou encore The Weeknd… la liste des artistes photographiés par Neil Krug impressionne. Son approche du 8e art ne cesse d’évoluer et d’étonner. « J’essaie de ne pas la définir. Même si je pouvais poser des mots dessus, je ne le ferais pas » confie-t-il. Agile et insatiable, le photographe se décrit comme un scorpion. Ce dernier n’en est pas à sa première réalisation de pochette d’album. Après la cover de Social Cues de Cage The Elephant, il signe aujourd’hui celle de The Slow Rush. Le projet s’élargit même à une série complète de photographies. Une collection faisant du temps une notion incertaine et superflue.
© Neil Krug
Une synergie entre deux artistes
La collaboration entre Neil Krug et Tame Impala voit le jour en avril 2019. « Nous nous sommes réunis pour effectuer des photos à l’occasion de son single Borderline. Quelques instants plus tard, après un échange téléphonique, l’idée de The Slow Rush est apparue, explique le photographe. Le projet était dans l’air depuis un certain temps ». Les deux artistes voyagent jusqu’en Namibie, au sein du village fantôme de Kolmanskop. Là-bas, la nature reprend ses droits et le sable envahit les maisons abandonnées. Dans ce lieu désertique, Neil Krug prend son temps, « comme une improvisation de jazz » métaphorise-t-il. En plein désert du Namib, le sentiment de déjà vu submerge l’Américain. « Une route particulière que nous empruntions régulièrement pour nous rendre sur place me semblait très familière. J’ai dû rêver d’un endroit similaire ».
Le titre construit en oxymore – The Slow Rush (La Ruée Lente)– sied à merveille l’univers musical de Kevin Parker et la collection photographique de Neil Krug. Cette osmose ne résulte pas d’un heureux hasard. Le photographe s’assure tout au long de son processus créatif que le musicien valide les compositions. « J’ai insisté pour qu’il soit clair avec moi dans les modifications. Je ne voulais pas créer quelque chose que nous regretterions plus tard ». Le travail pointilleux des deux hommes s’effectue dans une ambiance solaire et détendue. « Nous avons fait les grands montages ensemble dans mon studio, à la maison. C’était un processus ouvert et décontracté. Tout en dégustant du vin rouge, nous réalisions la pochette écarlate de l’album. C’était un bon moment ».
La synergie entre les deux artistes apparaît comme une évidence. Neil Krug rêve désormais de collaborer avec « Daft Punk ou le fantôme de Jimi Hendrix…» En attendant, laissons-nous transporter par cette fusion musicale et photographique.
© Neil Krug