Sur Instagram, le territoire de la photographie documentaire est bien gardé… Avant d’y pénétrer, l’explorateur doit se frayer un chemin parmi la masse anarchique des #documentary, #documentaryphoto ou #photodocumentaire, traîtres repères qui peuvent aussi bien le mener au Graal que le faire chuter dans les périlleux abîmes des photos de mariage, couchers de soleil et autres chatons mignons.
Qu’on se le dise : cette débauche de mots diésés ne balise en aucun cas un parcours fléché. Qu’à cela ne tienne, regardons donc les comptes des photographes eux-mêmes ! Mais qui dit photographe documentaire ne dit pas forcément compte dédié à ce domaine : nombreux sont ceux qui utilisent sans complexes l’appli pour poster des instantanés qui ne présentent pas forcément de rapport avec leur travail.
Alors ? Alors ne reste plus qu’à se fier aux fondamentaux de la photographie documentaire pour délimiter quelques-unes de ses frontières : des images de qualité, offrant une cohérence visuelle, et un regard différent et approfondi sur le monde. Commence alors une pérégrination de comptes de publications en comptes suivis, qui repousse l’horizon toujours plus loin – pour notre plus grand bonheur.
Liberté et visibilité
Aujourd’hui, avec 500 millions d’utilisateurs actifs par mois, Instagram constitue l’un des réseaux sociaux incontournables pour les passionnés d’image en général et les photographes professionnels en particulier. Mais l’application offre à ces derniers un avantage qu’ils apprécient par-dessus tout : la liberté. Celle par exemple de poster ce qu’ils veulent quand ils veulent, sans se soumettre aux contraintes exigées par leur activité. « En tant que photographe documentaire, je dois souvent faire des concessions », explique William Daniels […]
« Pour le choix d’images, pour la maquette d’une publication, pour l’impression d’un livre… Sur Instagram, je développe mon propre “magazine” en toute autonomie, pour mon plaisir et pour celui de mes followers, mais avec la même exigence visuelle que pour mes autres supports de diffusion : je choisis chaque image pour sa composition, sa lumière, son sujet, en privilégiant toujours la qualité et la cohérence de l’ensemble. »
Suivi par plus de 90 000 Instagramers, le compte de William Daniels alterne instantanés réalisés sur les lieux de ses reportages, images d’archive, photos liées à son actualité et ce qu’il appelle ses « moments de vie ».
Pour ces photographes, l’autre atout d’Instagram est la visibilité qu’elle leur donne, et qui dépasse de loin celle de Facebook. Pour les membres de l’agence Haytham Pictures, c’est cette visibilité qui a motivé l’ouverture d’un compte. « Nous sommes une petite agence, créée il y a trois ans. Notre positionnement est clairement documentaire dans le sens où nous collons rarement à l’actualité pour travailler davantage sur les causes, le contexte, le long terme. Le compte de l’agence ouvre une porte d’entrée vers nos sujets disponibles dans leur intégralité sur le site », expliquent Hugo Aymar, Anthony Micallef et Simon Lambert, trois des membres de l’agence. Chaque jour, une image de tel ou tel photographe, choisie ici encore pour sa qualité et son contenu…
L’intégralité de cet article est à retrouver dans Fisheye #20, en kiosque depuis le 9 septembre et disponible en ligne sur Relay.com !