Créé il y a un an par les équipes de Fisheye, Focus est un format innovant qui permet de découvrir une série photo en étant guidé par la parole de leur auteur·trice. Cette narration originale à travers une mosaïque d’images et un habillage sonore nous entraîne dans un parcours immersif aussi sensible que stimulant. Les trois épisodes présentés ici – parmi la quarantaine disponible sur notre site – font écho au cahier central de ce numéro consacré à des travaux en noir et blanc. Un article rédigé par Eric Karsenty et Lou Tsatsas à lire dans le Fisheye #58.
Alex Turner
Y a-t-il de la place pour l’empathie dans un système promouvant l’objectivité ? Cette interrogation, placée au cœur de Blind River, anime Alex Turner. En multipliant les procédés techniques – caméras infrarouges, appareils photo, logiciels de reconnaissance visuelle – le photographe américain documente les flux migratoires à la frontière mexicaine. Une étude inspirée par les universitaires d’Arizona traquant les mouvements des jaguars de part et d’autre de la frontière. Immergé·es dans la nature sauvage, guidé·es par les bruits de la nuit et la narration de l’artiste, on ne peut alors que s’interroger sur la prétendue neutralité des algorithmes que nous avons créés.
© Fisheye Magazine
Romy Alizée
Coup de cœur du public, voici la vidéo la plus vue du site. Performeuse, photographe, vidéaste, Romy Alizée a placé, depuis ses débuts, la sexualité au cœur de son œuvre. « Et quand tu es artiste et que tu fais ça, on ne te déroule pas toujours le tapis rouge… », affirme-t-elle d’ailleurs. Pour Focus, l’artiste engagée revient sur sa vision de l’érotisme, comme sur sa volonté de développer une archive de la communauté queer parisienne des années 2020. Jouant de son regard – un geste presque inquisiteur, nous poussant à déconstruire notre propre vision du désir –, elle révèle et sublime des unions atypiques et libérées. Une démarche aussi nécessaire que controversée, puisque cet épisode est le seul à ce jour à avoir été signalé et supprimé de YouTube…
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Elie Monferier
Sang noir, premier volet d’une trilogie imaginée par Elie Monferier, se focalise sur la chasse à la manière d’une tragédie classique dont il reprend la structure : unité d’action, de lieu et de temps. L’auteur nous raconte ainsi une journée qui commence dans le chenil, se poursuit en forêt, pour se terminer avec un banquet. L’auteur sonde ici la persistance des gestes archaïques à travers des images en noir et blanc sous un éclairage brutal, souvent au flash. « Ces images-là sont les plus troublantes, les plus violentes de la série, parce qu’il y a une crudité et une cruauté dans la monstration de ce moment », analyse l’auteur. Le 2e volet de la trilogie, Sacre, est « une méditation sur l’individu qui prend conscience de sa finitude », et le dernier opus, en cours, est consacré à la vie religieuse.
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