Collages surréalistes : les identités florissantes d’Anna Bu Kliewer

11 février 2023   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Collages surréalistes : les identités florissantes d’Anna Bu Kliewer

Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité. Installée à Londres, l’artiste ukrainienne Anna Bu Kliewer crée de nouvelles identités à l’aide de collages dans lesquelles des silhouettes féminines se confondent à des bouquets de fleurs et des formes organiques.

« La dualité entre la fragilité et la force de la nature me fascine. Elle m’évoque presque un état émotionnel. Vivre dans une grande ville avec tant d’informations visuelles nous pousse à rechercher le calme et la sensibilité loin de l’urbanité », commence Anna Bu Kliewer. Dans l’œuvre de l’artiste-collagiste, cette envie de renouer avec les espaces sauvages est telle que ses muses ne font qu’un avec les éléments qui les composent. Terrain fertile, au cœur de cet univers fantasque et coloré de jeunes filles en fleur, le corps pourvu d’un luxuriant feuillage ou drapé d’écume, jaillissent de toute part. Ils suivent les songes de leur créatrice, « toujours vifs et irréels ». « Mes tableaux dépendent aussi des matériaux que je source et découpe, ils sont le fruit d’un concours de circonstances », explique-t-elle.

Une allégorie de la condition postmoderne

Si ses étranges chimères déclinent non sans ironie les variétés de fleurs, elles dévoilent également tout un champ de personnalités, cultivées au gré de son histoire. Née en Ukraine et élevée en Allemagne, Anna Bu Kliewer se définit comme une « Gerkainian » – contraction de l’anglais « German » et « Ukrainian ». Abreuvée par la mélancolie de sa terre natale et le pragmatisme de son pays d’adoption, ses racines ont fait naître en elle une inclination inconsciente pour le paradoxe et l’oxymore. En ce sens, les figures anonymes d’Anna Bu Kliewer traduisent une identité plurielle dans son irrépressible liberté. « En supprimant les carcans visuels, on se défait des normes sociales de beauté et on agit comme une radiographie qui permet de voir au-delà de l’expression faciale et de l’apparence de quiconque », assure l’artiste.

Dans l’idée que l’intime a résolument trait à l’universel, l’artiste prolonge son entreprise en permettant à celui ou celle qui contemple d’y apposer ses propres fantaisies. « Ôter les visages peut également être perçu comme une allégorie de la condition postmoderne », ajoute notre interlocutrice. Pareil à une multitude de miroirs, ses collages donnent à voir, en contrepoint, le reflet d’une société caractérisée par « un flux et une surconsommation de culture visuelle permanents et, en conséquence, une destruction de la nature ». Dès lors, les silhouettes que l’on pensait florissantes prennent un air grave. Le végétal coloré semble reprendre ses droits sur les corps de celles et ceux qui le dénigrent et témoigne irrémédiablement de l’urgence d’agir en faveur de la planète.

© Anna Bu Kliewer© Anna Bu Kliewer
© Anna Bu Kliewer© Anna Bu Kliewer
© Anna Bu Kliewer© Anna Bu Kliewer
© Anna Bu Kliewer© Anna Bu Kliewer
© Anna Bu Kliewer© Anna Bu Kliewer
© Anna Bu Kliewer© Anna Bu Kliewer
© Anna Bu Kliewer© Anna Bu Kliewer
© Anna Bu Kliewer© Anna Bu Kliewer
© Anna Bu Kliewer© Anna Bu Kliewer

© Anna Bu Kliewer

Explorez
PhotoSaintGermain et a ppr oc he dévoilent une collaboration inédite 
© Julie Cockburn / Courtesy Hopstreet Gallery
PhotoSaintGermain et a ppr oc he dévoilent une collaboration inédite 
Pour leur édition 2025, PhotoSaintGermain et a ppr oc he ont présenté leur programmation lors d’une conférence commune. À cette...
15 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #528 : en voir de toutes les couleurs
© Michalina Kacperak / Instagram
La sélection Instagram #528 : en voir de toutes les couleurs
On associe souvent les couleurs à des émotions, parfois même à des sons. Elles peuvent modifier une atmosphère, exprimer tantôt la joie...
14 octobre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les images de la semaine du 6 octobre 2025 : expositions automnales
Éphémère, de la série Deuil blanc © Flore Prébay
Les images de la semaine du 6 octobre 2025 : expositions automnales
C’est l’heure du récap ! À l’approche des vacances de la Toussaint, les pages de Fisheye vous dévoilent de nouvelles expositions à...
12 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
15 séries qui célèbrent l'automne
15 séries qui célèbrent l’automne
Le soleil se fait de plus en plus discret, les feuilles commencent doucement à changer de couleur, quitter sa couette le matin se fait de...
09 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Maryam Firuzi : broder la mémoire, photographier la révolte
© Maryam Firuzi
Maryam Firuzi : broder la mémoire, photographier la révolte
Photographe et artiste iranienne, Maryam Firuzi explore la mémoire collective et les silences imposés aux femmes à travers une œuvre où...
18 octobre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Rachel Seidu : être queer à Lille et à Lagos, une fierté émancipatrice
Peas in a Pod II, Emma et Maë, Lille, 2025. © Rachel Seidu
Rachel Seidu : être queer à Lille et à Lagos, une fierté émancipatrice
Dans le cadre du programme hors les murs de l’Institut pour la photographie de Lille, l’artiste nigériane Rachel Seidu expose Peas in a...
17 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Goliarda Sapienza regardée par Francesca Todde
Francesca Todde, IUZZA. Goliarda Sapienza, Fiordo di Furore (SA), house built into the cliff rock, 2024
Goliarda Sapienza regardée par Francesca Todde
Avec IUZZA. Goliarda Sapienza, Francesca Todde propose un livre qui explore l’imaginaire de l’autrice sicilienne, sans chercher à...
17 octobre 2025   •  
Écrit par Milena III
Festival InCadaqués : les coups de cœur de la rédaction
Hail Mary, bobbin lace, serpent’s thread © Emilia Martin, Special Mention InCadaqués Festival Open Call 2025
Festival InCadaqués : les coups de cœur de la rédaction
La rédaction de Fisheye a déambulé dans les rues idylliques du village de Cadaqués, en Espagne, à l'occasion du Festival Photo...
16 octobre 2025   •