Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. Afin de garder une trace du confinement, la photographe française Sasha Mongin a choisi de figer des objets hautement symboliques. Elle compose avec Covid -19°C un ensemble cryonisé.
« Au début du confinement, je me suis sentie comme un personnage de cartoon que la Covid-19 avait gelé sur place, doté d’un super pistolet cryogénisant », se souvient Sasha Mongin une photographe travaillant le portrait mis en scène. Alors, à défaut de pouvoir se retirer dans son congélateur, l’artiste a figé et réunit dans sa série Covid -19°C des objets personnels l’accompagnant dans le monde normal, ou plutôt dans le monde d’avant : « le monde extérieur hors confinement ». Voyage, sport, spectacle vivant, ou encore coquetterie. Tous symbolisent la liberté, et l’hédonisme. « Ils ont été soudainement dépossédés de leur pouvoir », commente la photographe, impatiente de retrouver, comme nous tous, ses activités de loisirs. Et parmi elles, le roller. « Les patins à roulettes évoquent ce qui m’a le plus manqué » : la liberté, certes, mais l’aventure et le mouvement aussi. « Surtout, j’adore cet objet vintage qui rappelle l’insouciance des années 1980, une époque dont mes parents m’ont tellement parlé », ajoute-t-elle.
« Ayant des amis en Chine, je m’étais préparée. Mais j’ai tout de même pris une claque tellement cela semblait invraisemblable. J’ai démarré le confinement avec une longue liste de chose à faire, et puis j’ai eu le sentiment de rentrer en apnée », se souvient Sasha Mongin. C’est donc avec une certaine logique que le virus porte, en partie, le nom de la série. « Il est au cœur de mon sujet. Après tout, c’est lui qui nous a gelés sur place ». L’ajout du négatif ? Une traduction directe du ressenti de la jeune femme qui a réalisé cette série durant la première quarantaine. Un temps où elle espérait ne pas connaître de seconde vague… D’abord paralysée par la crise sanitaire et ses conséquences, l’artiste a su capter une forme de poésie dans l’inconnu, et l’ignorance. Elle propose ici une réflexion glaçante sur un des terribles effets du virus : la privation de nos libertés.
© Sasha Mongin