Avec la série Des abysses et vous, c’est une exposition insolite que propose Philippe Henry. Dans trois piscines du Havre, l’artiste invite les nageurs à plonger pour découvrir neuf photographies prises sous l’eau. Une expérience alimentée par les légendes maritimes.
C’est en faisant appel à la nageuse synchronisée Jessica Josse que le photographe Philippe Henry a réalisé les clichés qui orneront les bassins du Havre durant l’exposition Des abysses et vous. Pour visiter cette exposition, il faudra se mouiller. Le dress code ? Le maillot de bain, tenue exigée pour rejoindre le fond de la piscine où les photographies seront montrées. Cette exposition circulera dans trois bassins de la ville : la piscine située sur le cours de la République (du 10 au 24 mai), la Mare-Rouge (du 27 au 31 mai) et Caucriauville (du 2 au 9 juin). Si vous avez oublié vos lunettes de plongée, ces lieux vous en prêteront sur demande.
Dans des sarcophages de plexiglas, Philippe Henry présente des chimères dans un parti pris esthétique sombre et à la fois lumineux. Ces grands formats en couleurs ont été conçus en collaboration avec la styliste Anna Le Reun. Ses créatures s’inspirent des légendes maritimes. Conscient du sentiment d’insécurité que peut ressentir un nageur la tête sous l’eau, le photographe explique que « l’idée n’est pas de faire peur mais de transmettre une sensation d’inconnu à ceux qui se retrouvent en face d’une créature. L’eau est là pour installer une émotion et un rapport intime à l’image.»
Nous ne connaissons que 5% des fonds marins
Ce projet relève du défi artistique et combine les compétences du collectif Ouitish! dont est issu le photographe. Sous la vigilance d’un plongeur de sécurité, il a fallu lester Jessica Josse pour qu’elle devienne sirène. L’équipe n’aura mis pas moins de six heures pour installer les œuvres. Initiée en 2012 et cofinancée par la mairie de Rennes, cette série a été réalisée grâce au soutien logistique de la fondation Octopus.
Philippe Henry s’est inspiré du livre Abysses de Claire Nouvian. Dans cet ouvrage qui rassemble des clichés d’instituts océanographiques, la militante écologiste explore la vie à 6 000 mètres de profondeur. C’est ce monde des ténèbres que l’artiste a voulu mettre en scène. Pour lui, ce monde est le terrain de jeu de la rêverie : « Alors que la technologie repousse sans cesse les limites de l’exploration, que des robots parviennent à des profondeurs extrêmes, nous ne connaissons que 5% des fonds marins. C’est une grande place pour l’imagination.»
© Philippe Henry