100 photos pour la liberté de la presse : les récits de Véronique de Viguerie

21 mars 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
100 photos pour la liberté de la presse : les récits de Véronique de Viguerie

Pour sa 60e édition, l’album 100 photos pour la liberté de la presse, édité par Reporters sans Frontières, rend hommage à la photojournaliste Véronique de Viguerie et à son travail poignant.

Mettre en avant 100 photographies qui célèbrent la liberté de la presse, tel est l’objectif de Reporters sans Frontières. Pour cette 60e édition, l’album s’ouvre sur un tour du monde glaçant, présentant les risques qu’encourent les journalistes dans certains pays. En Inde, les auteurs reçoivent des menaces de mort régulières, sur les réseaux sociaux. Au Nigeria, des journalistes rivaux s’allient pour lutter contre les nombreuses intox. En Somalie, les Shebabs, groupe terroriste affilié à Al-Qaeda, font des reporters une cible à abattre. Leur sort n’est guère plus enviable en Amérique latine, où les mafias des drogues sévissent. En France, enfin, les photographes deviennent les cibles des manifestants ou des forces de l’ordre. Un état du monde inquiétant, qui rappelle la nécessité de témoigner, de documenter les violences et les combats.

Sorti le 7 mars 2019, veille de la journée internationale des droits de la femme, l’album 100 photos pour la liberté de la presse a souhaité mettre à l’honneur une femme photographe. Véronique de Viguerie a débuté sa carrière en Afghanistan, en 2003. Tout juste diplômée, elle s’est retrouvée confrontée à la dure réalité de la guerre, et a échappé de justesse à un attentat suicide. Depuis, la photojournaliste a reçu de nombreux prix, récompensant son travail à la fois sensible et poignant. Des images animées par le désir de « montrer ce qui a besoin d’être vu », déclare-t-elle.

© Véronique de Viguerie

Susciter l’émotion

C’est Manon Quérouil-Bruneel, sœur d’armes et amie de la photographe, qui la présente. Depuis douze ans, les deux femmes voyagent dans les zones de conflits pour immortaliser les luttes – l’une par l’image, l’autre par les mots. « Ensemble, nous avons tout vécu, raconte-t-elle. Nous avons été putes russes dans un bordel de Damas, épouses de talibans dans la vallée de Swat, touristes à Grozny, ou encore acheteuses de terres rares en Mongolie-Intérieure. » Au cœur de cet entremêlement d’aventures et d’identités, c’est l’humain que Véronique de Viguerie représente. Qu’elle capture le regard tendre d’un tueur taliban, la douleur d’une fillette, pleurant son père décédé à Manille, ou encore le visage marqué d’une jeune mère irakienne allaitant son enfant, la photographe suscite l’émotion.

Construits comme des fictions brèves, ses clichés racontent des histoires dures et touchantes. Ils immergent le regardeur dans la gravité des conflits et happent l’attention. « Le travail de Véro vous prend en otage pour ne plus vous lâcher, conclut Manon Quérouil-Bruneel. Il a quelque chose de très instinctif, il s’en dégage une force brute. On sent dans chaque cliché, son goût viscéral du terrain, son besoin d’être au plus près des gens. » Un bel hommage à une photographe d’une grande bravoure.

 

Véronique de Viguerie, 100 photos pour la liberté de la presse, Reporters sans Frontières, 9,90 €

© Véronique de Viguerie

© Véronique de Viguerie

© Véronique de Viguerie

© Véronique de Viguerie

© Véronique de Viguerie

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