Noël approche à grand pas, et vous désespérez de trouver un cadeau pour vos proches fans de photographie ? Pas de panique, nous vous avons concocté une sélection de livres qui plairont à tous les amoureux·ses du 8e art !
Déjà View – Martin Parr & The Anonymous Project
Associant les clichés du célèbre photographe de Magnum à ceux d’anonymes chinés dans les archives de la fabuleuse collection de diapositives d’inconnus de The Anonymous Project, cet ouvrage nous réserve de belles surprises. La frontière entre photographie vernaculaire et celle d’auteur se brouille un peu plus à chaque double page… Il faut attendre la fin du livre pour apprendre que Martin Parr signe les photos publiées en page gauche… Mais un doute persiste, et l’on recommence à feuilleter le recueil avec délectation.
Déjà View, Éd. Textuel, 29 €, 144 pages.
Roll – Théo Gosselin
américains, fêtes à n’en plus finir, voyages entre amis… Sous ses airs d’insouciance, Théo Gosselin conte avec Roll, son ouvrage, publié par Fisheye, une histoire intime, guidée par la mélancolie et un besoin certain de liberté.
Forever Saul Leiter
Cette balade dans l’œuvre de Saul Leiter est un ravissement. On s’y promène avec plaisir, se laissant entraîner à travers des images rêveuses à la grâce infinie. Épiphanies urbaines, portraits de proches, en noir et blanc ou en couleur, c’est une poésie permanente dont on n’arrive pas à s’arracher. « J’ai parfois fait du bon boulot en n’allant pas plus loin que mon propre quartier. La rue, c’est comme un ballet. On ne sait jamais ce qui va se passer », déclare l’artiste entre deux images
Forever Saul Leiter, Éd. Textuel, 35 €, 312 pages
At least I heard your bluebird sing – Peter Fisher
Le photographe américain Peter Fisher signe, avec At least I heard your bluebird sing, une ode à la vie. Aussi colorées que chaotiques, ses images captent la beauté fulgurante de l’ordinaire et nous invitent à reconsidérer notre monde, en ces temps étranges.
At least I heard your bluebird sing, Éditions Pomegranate, 14$, 40 p.
La Région Humaine
Avec la sortie de La Région Humaine, paru aux éditions Loco en partenariat avec Le Bleu du Ciel, Michel Poivert et Gilles Verneret reviennent sur 20 ans de création documentaire. Dans cet ouvrage, finaliste du Prix HIP « Histoire de la photographie », les auteurs sondent les modalités d’existence d’un genre en renouveau.
La Région Humaine, Éditions Loco, 35€, 256p.
Gentlemen’s Club – François Prost
En 2019, François Prost part en voyage à travers l’Amérique. Au lieu de visiter les parcs nationaux ou d’explorer les grandes villes, il a préféré entraîner son appareil photo sur la piste des clubs de strip-tease, de Miami jusqu’à Los Angeles, en plein jour. La série qui en résulte, Gentlemen’s Club, ausculte dans un même élan la culture et l’urbanisme américain. Prises à moyenne distance, ces 200 photos mettent en évidence la géométrie austère de l’architecture américaine en bordure de route ainsi que les points de vue dominants sur le genre et la sexualité.
Gentlemen’s Club – Fisheye édition, 35 €,
Passenger – Martin Bogren
Les livres de Martin Bogren sont toujours des délices. « Ses photographies surgissent comme des visions subjectives qui révèlent des ambivalences, des figures angéliques ou monstrueuses, de la légèreté et de la violence. Pour la première fois, il intègre la couleur à son travail, qu’il alterne avec une grande cohérence à son approche en noir et blanc », analyse Caroline Bénichou, responsable de la galerie VU’, qui représente l’artiste.
Passenger, Éd. Lamaindonne, 35 €, 92 pages.
Franco & moi – Patrick Cockpit
Francisco Franco est enterré à quelques kilomètres de Madrid, dans un « mausolée mégalomane ». Et savez-vous qu’il est interdit de photographier l’intérieur de la chapelle funéraire ? Dès lors comment révéler le tabou espagnol du franquisme et son héritage ? Réponse avec Patrick Cockpit et son ouvrage Franco & moi, publié aux éditions Revelatœr. Un projet délicieusement satirique – à l’image de son photographe – exposé à Cergy Pontoise, à l’occasion du festival du Regard.
Franco & moi, Les éditions Revelatœr, 20 €, 80 p.
Charbon blanc – Téo Bécher
Dans cet ouvrage superbement imprimé, Téo Becher s’est immergé dans la vallée de la Maurienne, en Savoie, qui a été un haut lieu de l’industrie de l’aluminium. Une exploitation rendue possible par la grande puissance électrique fournie par l’Arc, la rivière donc l’écume évoque la « houille blanche ». À travers ses images à l’esthétique documentaire et celles plus performatives issues de films enterrés en différents endroits de la vallée, l’auteur « a cherché à photographier ce moment où paysage et traces de l’activité humaine se rencontrent, dans une relation d’interdépendance plutôt que d’opposition ».
Charbon blanc, Éd. Le bec en l’air, 30 €, 108 pages.
Réparer l’intime, L’Atelier de la Maison des Femmes
Avec Réparer l’intime, L’Atelier de la Maison des Femmes, les artistes Louise Oligny et Clémentine du Pontavice signent un recueil de témoignages bouleversant. Ponctué par des photographies puissantes, des textes descriptifs et des éclairages signés par la doctoresse Ghada Hatem, ce livre est une ode à la résilience des femmes violentées.
Réparer l’intime, l’Atelier de la Maison des femmes, aux Éditions Thierry Marchaisse, 25 €, 207 p.
Fleurs du mal – Charles Baudelaire / Antoine D’Agata
C’est un ouvrage étrange et mystérieux, sombre et dense comme les poèmes de Baudelaire des Fleurs du mal sur lesquels le photographe pose en regard ses images transformées en gravures. Un dépouillement radical loin de toute complaisance qui confère à ces re-créations une aridité sèche, en noir et blanc. Un traitement « à l’os » imprimé sur papier bible, rehaussé de réflexions personnelles du photographe et de citations empruntées à Walter Benjamin, Guy Debord ou Georges Bataille.
Éd., The Eyes Publishing, 45 €, 228 pages.
Le Grand Mensonge – Didier Bizet
Immersion dans l’absurde avec Didier Bizet. Ce photographe français rapporte de son séjour en Corée du Nord des images tronquées et jonchées de références. Une vision humoristique du pays le plus secret du monde.
Le Grand Mensonge, Éd. Revelatœr, 25 €, 176 pages.
Odysseus, l’Autre monde – Michaël Duperrin
L’Odyssée est l’histoire d’un homme qui veut à la fois retourner chez lui et découvrir le monde de l’autre. Ulysse tient les deux bouts de son désir, au prix de dix années d’errance. C’est lui-même qu’il découvre au bout du chemin. Si l’antique épopée nous parle encore, c’est qu’elle traite de questions actuelles : l’identité, l’altérité, l’hospitalité. Depuis 2012, Michaël Duperrin se rend dans les lieux supposés des errances d’Ulysse.
Odysseus, l’Autre monde, Éd. SunSun, 35 €, 128 pages.
Dust – Patrick Wack
Dans Dust, le photographe Patrick Wack, membre du groupe Inland, explore la province chinoise Xinjiang – terre des Ouïghours et de leur répression. Fruit d’un travail de quatre ans, l’ouvrage mêle images et paroles d’experts pour tenter de faire émerger une catastrophe qui demeure invisible.
Dust, Éd. André Frère, 47 €, 208 pages.
Citizens – Christian Lutz
Fidèle à un engagement photographique et politique sans concession, le Suisse Christian Lutz poursuit depuis 2013 une fresque sur les mouvements populistes, « les partis du bon sens » qui se développent dans son pays, mais aussi un peu partout en Europe : France, Royaume-Uni, Hongrie, Danemark, Espagne, Pologne, Italie, Allemagne, Autriche et Pays-Bas. « Photographier était mon exutoire, précise l’auteur, une réponse à mon effroi, à ce que je percevais comme une prise en otage des cerveaux et de la population. »
Citizens, Éd. Patrick Frey, 220 pages, 52 €.
Les Oubliées – Anaïs Boudot
C’est en retrouvant une plaque de verre oubliée par Brassaï dans son atelier que Picasso a débuté un travail en intervenant sur ce support singulier. Un échange entre deux monstres de l’art moderne, qu’Anaïs Boudot s’est réapproprié. En reprenant sa propre collection de visages anonymes sur verre, la photographe les retravaille à même la gélatine, et interroge, en contrepoint, la place de la femme artiste dans un milieu patriarcal. Au regard des récentes voix qui s’élèvent contre le peintre cubiste, elle réimagine, dans Les Oubliées, l’histoire et donne à la femme une place de choix. Rencontre avec l’autrice d’un travail aussi splendide qu’engagé.
Les Oubliées , Éditions The Eyes, 45€, 80 p.
Borders of Nothingness – On the Mend – Margaret Lansink
Dans Borders of Nothingness, la photographe hollandaise Margaret Lansink explore l’ambiguïté transitionnelle de la décision de sa fille adulte de suspendre tout contact avec elle, en photographiant des paysages et des femmes nues dont la présence éphémère interroge les mêmes tourments : est-ce le moment où tu es partie ? Au fil du temps, Lansink et sa fille ont repris contact pour tenter de ressouder leur relation. Lansink a alors revisité et réinterprété Borders of Nothingness de façon à refléter matériellement leurs efforts émotionnels de guérison.
Borders of Nothingness- On the Mend, the (M) editions, 96 pages, 270€
If you’ve seen it all close your eyes – Coco Capitán
Coco Capitán a toujours griffonné ses pensées – partout, tout le temps – souvent sur des bouts de papier qui ont rempli cahier après cahier. Depuis son premier jour à Londres en 2010 jusqu’à aujourd’hui, et alors qu’elle voyage à travers le monde pour des missions de photographie, les écrits de Coco Capitán donnent un aperçu de son processus créatif libre et instinctif. Des aphorismes ludiques et de courts poèmes abordent toute une série de sujets avec des touches d’humour et d’ironie. Elle combine le sérieux et le banal en partageant dans son premier livre des moments sociaux, métaphoriques ou sentimentaux avec son ton spirituel et sa main caractéristique.
If you’ve seen it all close your eyes, Chose Commune, 352 pages, 30€
Fisheye Photo Review
Pour la cinquième année consécutive, Fisheye résume un an d’explorations, de curations et de publications digitales dans un ouvrage physique à l’esthétique soignée. En 376 pages, 291 photographes, 564 images et près de 1,5 kg, nous prenons le temps d’observer. Tous ces projets artistiques ont été diffusés lors de la dernière année, donc pendant la pandémie. Un temps suspendu, où l’onirisme a pris une place inédite dans notre rapport le plus souvent direct, voire cru au monde – comme s’il fallait trouver des chemins de traverse pour transmettre une projection mentale, réinventer un rapport au réel pour mieux le sublimer.