Forte d’une expérience quotidienne des réseaux sociaux qui lui permet de dénicher de nouveaux talents, l’équipe digitale de Fisheye vous dévoile son fonctionnement et ses conseils pour faire de votre Insta un centre de formation permanent. Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.
Breaking news.
Au sein de la team Fisheye digitale, aucun de nous n’est sorti d’une école photo. Nos directeurs artistiques Lisa Cadot et Matthieu David ont fait leurs armes au sein d’une école de graphisme; notre social media manager Christophe Sales a appris les codes du commerce et du management. Et côté rédaction, Finley Cutts s’impose comme le philosophe de la bande, Lou Tsatsas comme la spécialiste en langues et en lettres, quant à moi j’ai étudié à Sciences Po avant de me tourner vers la littérature. Cet aperçu de nos formations respectives prouve que malgré nos univers différents, nous partageons une passion commune pour la photographie. Passion nourrie par une curiosité permanente, qui passe par des lectures, des films, des expositions… et dans nos quotidiens faits d’images, par un incontournable examen d’Instagram. Un rituel partagé par de nombreux photographes. Qu’ils soient amateurs, apprentis influenceurs ou professionnels confirmés, tous cherchent le Graal: l’inspiration et la reconnaissance. À un moment où l’espace virtuel propose de nouvelles formes de liens sociaux, comment s’emparer de ce média en tant qu’artiste ? Et surtout, comment s’y distinguer? J’ai recueilli les avis de mes collègues qui, comme moi, arpentent quotidiennement le réseau. Sans avoir la prétention de livrer LA recette miracle d’une carrière réussie, nous livrons ici quelques conseils et retours d’expériences qui permettront à certains followers de mieux orienter leur pratique.
© Francesco Lopazio / coup de cœur de Christophe Sales
Il faut vivre
Si Lisa Cadot pointe les bienfaits des bases techniques acquises durant une formation, on s’accorde tous à dire qu’il n’est pas nécessaire de passer par la case école. « Instagram permet aux passionnés de photo de travailler leur regard, de découvrir de multiples écritures, et finalement de se former en observant la manière de faire des auteurs qu’ils suivent », lance Lou Tsatsas. « Et puis les ressources disponibles sur YouTube suffisent amplement pour les aspects techniques ! », ajoute Finley Cutts. Outre les cours dispensés par les professionnels reconnus, l’école photo offre un cadre. Un cadre dont il faudra un jour s’affranchir si l’on souhaite développer une écriture singulière, comme en témoigne la réussite des plus grands artistes. Attention, on voit pointer sur Instagram de nombreuses tendances dont il faut se détacher. « Ces effets de mode ne sont pas nécessairement un problème, mais à un certain degré ils peuvent étouffer les écritures avant qu’elles n’émergent », affirme Lisa Cadot. Une expérience « réussie » sur Instagram repose donc sur un juste équilibre. Il suffit parfois de puiser dans son quotidien, ses relations amicales, ses sorties culturelles comme dans ses voyages pour nourrir ses imaginaires. Autant d’invitations à tenter de nouvelles expériences. « Il faut vivre », conseille justement le philosophe-rédacteur. « Le nombre de photographes autodidactes que je suis sur Insta me laisse penser qu’un cursus photo n’est pas une obligation! Je pense notamment à Sage Szkabarnicki-Stuart, alias @sageszk ; ou Marley Hutchinson, alias @marley.hutchinson », ajoute Christophe, gardien du compte @fisheyelemag. « Et ils n’ont rien à envier aux étudiants en école », complète Lou Tsatsas, plume précieuse depuis trois ans.
Soigner la première impression
Mise à jour régulière de sa bio, mention de son site internet…Au-delà des informations évidentes, il y a d’autres éléments à soigner. « Il faut penser son compte comme un espace professionnel et le réserver à cet usage, explique Matthieu David. Cela implique d’alimenter son feed régulièrement avec ses travaux et ses actualités marquantes, sans toutefois construire un portfolio en ligne. Le format de la série n’a pas sa place sur Instagram. C’est l’image isolée qui prime. » Il est vrai que depuis quelques années, le compte Instagram constitue la première porte d’entrée pour les curateurs. « Et la première impression, il faut la soigner! En tant que directeur artistique, je contacte les gens en DM (message direct) via Instagram pour leur proposer un job. Je préfère cela à un email qui va finir chez un agent », explique- t-il. Également convaincue par la vocation professionnelle du réseau, Lisa Cadot ajoute qu’en « variant les publications, le dis- cours devient plus impactant ». Montrer l’envers du décor en taguant des images backstage ou publier des stories sur les shootings augmente la visibilité du projet. Pour fédérer et gagner en légitimité sur le réseau social, nous avons recensé trois bonnes pratiques indispensables: définir une ligne éditoriale claire, proposer un discours authentique et personnel en adéquation avec ses envies et ses passions, et instaurer un dialogue sur le réseau avec ses abonnés, d’autres photographes et acteurs du monde de la photo. Christophe Sales pointe ainsi Boris Allin (@odieuxboby) et Emma Birski (@emmabirski) : « Tous deux utilisent Instagram un peu de la même façon. Ils proposent un feed soigné et harmonieux complété par des stories plus personnelles et authentiques, dans lesquelles leurs abonnés peuvent vraiment découvrir leur personnalité et leur humour. Et cela fonctionne, puisque les deux sont soutenus par le prestigieux fabricant d’appareils photo Leica. » On ne peut que recommander d’aller parcourir des comptes dédiés à la curation (#fisheyelemag) et/ou gérés par d’autres acteurs photos afin de compléter ce bref panorama.
Cet article est à retrouver dans Fisheye #47, en kiosque et disponible ici.
© Anton Reva / coup de cœur de Matthieu David
© à g. Lea Colombo / coup de cœur de Lisa Cadot, à d. Marcus Schaefer / coup de cœur de Lou Tsatsas
© à g. @gyoza_and_sake / coup de cœur de Finley Cutts, à d. Charles J. Goodall / coup de cœur de Lisa Cadot
© Robin Lopvet / coup de cœur de Matthieu David
© à g. Chloé Milos Azzopardi, à d. Victor Cambet / coups de cœur d’Anaïs Viand
© Daria Piskareva / coup de cœur de Lou Tsatsas
Image d’ouverture : © Anton Reva