La Little Black Gallery de Berlin accueille UNCENSORED, une exposition de l’artiste anglo-suédois AdeY. Personne ne sait exactement qui se cache derrière ce nom, mais il est synonyme de liberté corporelle et performance. Jusqu’au 30 novembre, il est à découvrir dans la programmation de la Berlin Art Week.
Personne ne sait vraiment qui est AdeY. Le véritable nom, l’âge et le lieu de résidence de l’artiste britannico-suédois restent inconnus. Ce·tte dernier·e a quitté une carrière de danseur·se professionnel·le, comme le suggèrent ses mises en scène qui combinent la photographie, la chorégraphie et la performance. Le travail de l’artiste mystérieux·se souligne néanmoins notre droit à la différence corporelle. C’est toute la force de la série UNCENSORED, qui fait aussi l’objet d’un livre.
Le corps réprimé est ici célébré en toute sa puissance expressive, mais aussi raconté avec humour et tendresse. Le travail le souligne dans sa forme la plus dépouillée et la plus nue, mais s’efforce de créer des images non sexualisées et sans sous-entendus triviaux, pour que le discours reste axé sur l’idée d’acceptation et d’être ensemble. L’artiste a publié une série de livres de photos et de zines poétiques et a exposé dans plusieurs galeries et musées parmi les plus connus au monde, notamment Fotografiska (Stockholm), Clamp (New York), Galerie XII (Los Angeles), The Little Black Gallery (Londres), Finnish Museum of Photography (Helsinki), Falsterbo Photo Museum (Falsterbo, Suède) et Fotogallerie Vasli Souza (Oslo). Pour cette édition de la Berlin Art Week, le Little Black Gallery et Chaussee 36 lui donnent carte blanche.
Nous montrer vulnérables
Le travail d’AdeY nous autorise à nous montrer vulnérables, à laisser entrevoir notre solitude comme notre force, tout en parlant des oppressions sociales que nous pouvons subir, de l’isolement, de l’anxiété et de la peur de la comparaison si caractéristiques de la condition existentielle des humain·es contemporain·es. La perception que nous nous faisons du corps est ici questionnée pour nous encourager à subvertir les diktats, avec une approche humoristique et expérimentale. Les images de l’artiste suédo-britannique sont axées sur le droit à la différence, et plus particulièrement sur les différences physiques, de genre, de race et de sexualité. Aussi anachronique qu’il puisse paraître, le travail d’AdeY a été souvent censuré, en particulier par les réseaux sociaux. L’artiste déclare : « J’ai été réduit·e au silence, harcelé·e, censuré·e et supprimé·e par Instagram pour avoir partagé mes œuvres d’art qui visent à provoquer et à défier le spectateur. J’implore Instagram de prendre ses responsabilités sociales et de s’engager positivement dans la promotion de l’art sur la plateforme. » Avec une certaine ironie, l’artiste a donc nommé sa série « non censuré », UNCENSORED, comme pour nous rappeler que parler de la liberté de certain·e est tout sauf un simple enjeu plastique ou une lubie d’art contemporain.