Arles, 50 ans de Rencontres : les Américains

04 juillet 2019   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Arles, 50 ans de Rencontres : les Américains

À l’occasion des 50 ans des Rencontres d’Arles, Fisheye remonte le temps. Pour le numéro hors-série, Denis Baudier nous raconte comment l’Amérique est un des tropismes qui traversent l’histoire des rencontres d’Arles.

Est-ce la proximité avec la Camargue, parcourue par de fiers gardes à cheval, dont l’allure évoque celle des mythiques cow-boys ? Ou l’attraction que peut exercer une ville romaine millénaire, qui regorge de trésors antiques, sur une jeune nation en manque de racines? Ou peut-être était-il inévitable qu’entre l’un des pays phares de l’image fixe, l’un des premiers à avoir adopté la photographie comme un art à part entière, et le premier festival photo de l’histoire, des liens étroits et naturels se tissent dans le temps ? Sans doute y a-t-il un peu de tout cela dans le fort magnétisme qui existe entre les Rencontres d’Arles et l’Amérique.

Cette ferveur réciproque doit beaucoup à la personnalité de l’un des pères fondateurs du festival, Lucien Clergue, un homme à plusieurs vies, qui connaissait très bien les États-Unis. « Dans les années 1960-1970, il était considéré outre-Atlantique comme l’un des grands photographes français [il a exposé au MoMA de New York en 1961, à 27 ans, ndlr]. Il s’y rendait donc régulièrement et avait ses entrées dans le milieu photographique. Aussi, quand les Rencontres ont été lancées, il a fait jouer son carnet d’adresses et a fait venir des ténors de la photographie américaine, alors en plein épanouissement, comme Ansel Adams ou William Eugene Smith », raconte Gilles Mora, directeur artistique du Pavillon populaire de Montpellier, ancien directeur artistique des Rencontres [en 1999, 2000 et 2001], et spécialiste de la photographie américaine.

© Jean Dieuzaide

À g. Ansel Adams, et à d. Brassaï © Jean Dieuzaide

La constitution de la première collection photographique dans un musée français, sur un modèle américain, lui doit aussi beaucoup. L’histoire veut qu’il a découvert, lors d’un voyage à New York – alors qu’il était l’agent du chanteur gitan Manitas de Plata –, que le MoMA consacrait une partie de ses murs à la photographie. De la photo dans un musée ? De retour à Arles, il en parle au conservateur du musée Réattu, son ami Jean-Maurice Rouquette, qui décide alors de créer en 1965 la section d’art photographique, la première du genre dans l’Hexagone. Laquelle recevra, quelque temps plus tard, un don de tirages de l’immense photographe californien Edward Weston, qui constitue encore aujourd’hui l’un de ses trésors – avec des dessins de Picasso, qui lui ont aussi été donnés à cette époque. « Les États-Unis étaient très en avance dans la reconnaissance de la place de la photographie, ce qui a permis à leurs artistes de prendre confiance et de rayonner à l’étranger », ajoute François Hébel, directeur de la Fondation Henri Cartier-Bresson, et ancien directeur des Rencontres.

Cet article est à retrouver en intégralité dans le hors-série #6 : Arles, 50ans de RencontresLee Friedlander © Philippe Schuller

Lee Friedlander © Philippe Schuller

Ralph Gibson © Marion KalterRalph Gibson © Marion Kalter

À g. Duane Michals, à d. Ralph Gibson © Marion Kalter

Nan Goldin © Claudio Markozzi

Nan Goldin © Claudio Markozzi

Image d’ouverture © Philippe Schuller

Explorez
Que reste-t-il après le feu ? : des images, des voix, des actifs
Tour immersive en forêt © Alexandre Dupeyron
Que reste-t-il après le feu ? : des images, des voix, des actifs
À l’écomusée de Marquèze, jusqu’au 28 septembre 2025, l’exposition 600° – La forêt après le feu du collectif LesAssociés, pose une...
19 juin 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
Hendrik Paul : un besoin de nuit
© Hendrik Paul, Dark Light
Hendrik Paul : un besoin de nuit
Avec Dark Light, Hendrik Paul signe un livre de photographie argentique en noir et blanc, publié chez Datz Press, qui explore la nuit, le...
17 juin 2025   •  
Écrit par Milena III
Hommage à Sebastião Salgado, humaniste soucieux de la nature
© Fisheye Magazine
Hommage à Sebastião Salgado, humaniste soucieux de la nature
Sebastião Salgado est décédé ce vendredi 23 mai 2025 à l’âge de 81 ans. Tout au long de sa carrière, le photographe a posé un regard...
26 mai 2025   •  
Écrit par Eric Karsenty
Dans l’œil d’Aletheia Casey : le rouge de la colère et du feu
© Aletheia Casey
Dans l’œil d’Aletheia Casey : le rouge de la colère et du feu
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil d’Aletheia Casey, dont nous vous avons déjà parlé il y a quelques mois. Pour Fisheye, elle...
28 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
À la découverte du regard enfoui de Nicole Lala
© Nicole Lala
À la découverte du regard enfoui de Nicole Lala
Restée dans l’ombre toute sa vie, Nicole Lala fut pourtant une photographe majeure du quotidien, du sensible, de l’invisible. Du 16...
Il y a 6 heures   •  
Écrit par Costanza Spina
5 coups de cœur qui inspirent les vacances d'été
© Diane Desclaux
5 coups de cœur qui inspirent les vacances d’été
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
Il y a 11 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 23 juin 2025 : queers, chimères et collectionneurs d'images
© Agathe Baur / Instagram
Les images de la semaine du 23 juin 2025 : queers, chimères et collectionneurs d’images
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye ont été façonnées par des récits de genre, de sexualité, de figures...
29 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
PHotoESPAÑA 2025 : Après tout, que nous disent encore les images ?
© Joel Meyerowitz
PHotoESPAÑA 2025 : Après tout, que nous disent encore les images ?
Chaque été, PHotoESPAÑA transforme Madrid en capitale de la photographie. Pour sa 28e édition, le festival déploie plus d’une centaine...
28 juin 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas