Alexandre Dinaut et Pascal Fayeton, nous coups de cœur de la semaine, nous proposent deux voyages distincts. Le premier nous emmène en Mongolie, terre de contrastes et d’épreuves, tandis que le second nous invite à redécouvrir la ville sous le prisme de la couleur.
Alexandre Dinaut
« Le projet Tumur est né d’une expérience vécue dans la douleur et l’émerveillement, explique Alexandre Dinaut. Je suis parti en Mongolie pour co-réaliser un documentaire, Chamans, sur des militaires français en quête de reconstruction. Mais très vite, ce voyage a pris une autre dimension. » De fait, à la suite d’une chute de cheval, le photographe a dû panser ses blessures et faire face à un environnement rude. Sa détermination lui a alors valu le surnom de « tumur », qui signifie « fer ». « C’est devenu l’essence même de ce projet : comment un territoire, une culture et une épreuve façonnent un corps et un esprit », assure-t-il. Tel un voyage initiatique, les expériences se multiplient ainsi en vue d’une transformation. Dans leur ensemble, les images, qui dépeignent aussi bien le paysage sauvage que la ville en mutation, cristallisent une dualité. « Il ne s’agit pas seulement de montrer la Mongolie dans son contraste entre tradition et modernité, mais de faire ressentir ce qu’elle impose à celles et ceux qui la traversent : l’hostilité des steppes, la chaleur des rencontres, le silence qui vous oblige à affronter vos pensées, énumère-t-il. C’est une série sur l’endurance, la solitude, mais aussi la force d’un peuple qui vit en harmonie avec une nature extrême. »
Pascal Fayeton
Une ville se découvre dans des nuances artificielles. Le ciel oscille du rouge à l’orange vif. Le feuillage des arbres se révèle tantôt violet, tantôt bleuté. La route est verte tandis que les immeubles apparaissent de différentes teintes tout aussi contrastées. « Je m’intéressais à l’évolution des paysages urbains dans mon agglomération toulousaine et j’observais, par ailleurs autour de moi, les effets d’épisodes météorologiques marqués sur la végétation et la population », indique Pascal Fayeton, qui signe les clichés de cette série. Intitulée Nuit caniculaire, celle-ci évoque, comme son nom le suggère, la chaleur estivale ainsi que la vulnérabilité à laquelle nous faisons fait face dans ces moments précis. Le titre fait également écho au cinéma et, plus particulièrement, à l’esthétique de la nuit américaine qui renvoie au tournage en plein jour d’une scène d’extérieur censée se dérouler le soir. « On parle d’un phénomène lentement à l’œuvre qui reste ordinairement peu perceptible. Ici, la ligne et la couleur rendent lisibles des caractéristiques de l’urbanisme et des comportements des habitants face au réchauffement », assure l’auteur.