Peter Lindbergh s’est éteint mardi 3 septembre à l’âge de 74 ans. Le célèbre photographe de mode allemand a eu une influence majeure sur son art. Retour sur la carrière de l’homme qui voulait libérer les femmes.
« Ce doit être la responsabilité des photographes de libérer les femmes, puis finalement tout le monde, de la terreur de la jeunesse et de la perfection.»
Si tant est qu’on puisse réduire à des mots l’importance que Peter Lindbergh a eue dans la photographie de mode, cette phrase pourrait être en exergue de son œuvre. Né en 1944 à Lezno, en Pologne, Peter Lindbergh a passé son enfance à Duisbourg, dans la Ruhr. Après des études à l’Académie des arts de Berlin dans les années 1960 et un passage par Arles, il a poursuivi ses études à l’école d’art de Krefeld puis il s’est installé à Düsseldorf, en 1971, où il est devenu l’assistant du photographe Hans Lux. Il est entré au grand hebdomadaire allemand Stern, et a côtoyé là-bas des photographes comme Helmut Newton et Guy Bourdin.
En 1978, Peter Lindbergh s’est installé à Paris, où il a continué sa carrière et développé une esthétique reconnaissable entre toutes. Le photographe allemand a contribué à de nombreuses revues de mode (Vogue, Vanity Fair, Harper’s Bazaar, The New Yorker…) et photographié des personnalités telles que Catherine Deneuve, Naomi Campbell, Cindy Crawford ou encore Linda Evangelista. Par trois fois, il réalisera les photos du fameux calendrier Pirelli.
Un pionnier dans son art
« Considéré comme un pionnier dans son art, il a su redéfinir la photographie de mode contemporaine et ses standards de beauté en sublimant les femmes de tout âge », rappelle le communiqué de sa famille. C’est certainement ce qui distingue Peter Lindbergh, que de vouloir représenter les femmes dans leur intégrité. Passé maître d’un noir et blanc presque signature, l’artiste a cherché à saisir par l’image la personnalité des femmes qu’il photographiait. Attaché au réalisme, dans des scénographies souvent épurées, Peter Lindbergh aura marqué la photographie de mode tout en conservant sur elle un regard critique parfois sévère. « C’est une vache, disait-il. Elle mange un truc, avale, régurgite et puis remâche la même chose et recommence. C’est un grand recyclage en boucle. »
Une chose est sûre, la photographie de mode doit beaucoup à Peter Lindbergh. Grâce à lui, elle a gagné des sphères qui souvent l’ignoraient. Ainsi, ses photos sont sorties des pages de papier glacé des magazines pour gagner les cimaises des musées. Son travail fait partie des collections permanentes aux Beaux-Arts à travers le monde et a également été présenté dans de prestigieux musées et galeries. Peter Lindbergh a offert au monde de l’art une œuvre remarquable. Mais malheureusement, comme le souligne le communiqué de sa famille : « Il laisse derrière lui son épouse Petra, sa première épouse Astrid, quatre fils : Benjamin, Jérémy, Simon, Joseph, et sept petits-enfants. » C’est avec un profond respect que la rédaction de Fisheye Magazine leur transmet ses plus sincères condoléances.
© Peter Lindbergh
Peter Lindbergh © DR
Image d’ouverture : © Peter Lindbergh