Emilio Azevedo : En ligne de mire

Il y a 4 heures   •  
Écrit par Milena III
Emilio Azevedo : En ligne de mire
Rondônia (Comment je suis tombé amoureux d’une ligne), 2023 © Emilio Azevedo
Feuilles de palmier sèches
Rondônia (Comment je suis tombé amoureux d’une ligne), Frontière Brésil-Bolivie, Amazonie occidentale © Emilio Azevedo

Présentée dans le cadre du festival PhotoSaintGermain et au musée du Quai Branly, l’exposition Rondônia. Comment je suis tombé amoureux d’une ligne, présente la recherche visuelle d’Emilio Azevedo. Mêlant archives et photographies personnelles, il explore les contours de la colonisation de l’Amazonie.

En sous-titre de l’exposition Rondônia – présentée dans le cadre de PhotoSaintGermain et au musée du quai Branly – on découvre ces mots intrigants : « Comment je suis tombé amoureux d’une ligne ». Pourquoi d’une ligne ? Pour le comprendre, il faut peut-être revenir à l’essence du geste : tracer une ligne, c’est déjà donner forme au monde, et souvent le conquérir. C’est l’histoire de la colonisation. L’un de ses épisodes se joue au cœur de l’Amazonie brésilienne, à partir du 19e siècle et surtout au 20e, lorsque le maréchal Rondon ouvre plusieurs axes de pénétration dans la forêt, en construisant routes, villages et exploitations pour intégrer le territoire à la nation. En cherchant à comprendre le retour de l’armée au pouvoir sous Jair Bolsonaro, Emilio Azevedo découvre, au musée de l’Armée de Copacabana, les archives de la Commission Rondon. « En les parcourant, j’ai compris que ces documents permettaient de replacer ce retour dans une histoire beaucoup plus large – celle d’une institution motrice de l’expansion vers l’Ouest au nom de la modernisation », explique-t-il. Soutenu par le quai Branly, il entreprend une vaste enquête à partir de ces fonds d’archives. À mesure qu’il explore ces images, il s’interroge : quel regard ces militaires portaient-ils sur ce territoire baptisé Rondônia ? Peu à peu, en observant les cadrages et les compositions de leurs clichés, il y perçoit les indices d’une manière d’organiser le monde.

Une jeune garçon portant un chapeau sur un cheval
Rondônia (Comment je suis tombé amoureux d’une ligne), Le long des frontières de la réserve autochtone Sete de Setembro, Cacoal, Amazonie occidentale, 2023 © Emilio Azevedo
Paysage de terre rouge, verdure et eau
Rondônia (Comment je suis tombé amoureux d’une ligne), Le long de la Transamazonienne BR-364, Rondônia, Amazonie occidentale, 2023 © Emilio Azevedo

Colonisation et modernité

Mais qu’a-t-il, lui, photographe, de commun avec ces hommes ? « Ce travail dans les archives est devenu un exercice personnel : j’ai tenté d’observer les points communs entre leur regard et le mien, de comprendre ce que j’ai hérité de ce mode d’être au monde », confie-t-il. Originaire d’une région elle aussi façonnée par la modernisation, il y retrouve une mémoire intime. « Traverser ce territoire m’a permis de me raconter une histoire sur la colonisation de ma région d’origine, et sur la formation de nos identités dans le Sertão », poursuit-il en évoquant ces vastes régions rurales et semi-arides au nord-est du Brésil. Ce mouvement, en façonnant un paysage à son image – routes identiques, occupation extractiviste des sols –, a peu à peu effacé l’identité amazonienne.

Rondônia. Comment je suis tombé amoureux d’une ligne est présentée à PhotoSaintGermain jusqu’au 20 décembre, et au quai Branly jusqu’au 25 janvier.

Cet article est à retrouver dans son intégralité dans Fisheye #74.

Un troupeau de vaches dans un champ
Rondônia (Comment je suis tombé amoureux d’une ligne), Le long des frontières de la réserve autochtone Sete de Setembro, Cacoal, Amazonie occidentale © Emilio Azevedo
Image d'archive, focus sur des jambes tatoués
Rondônia (Comment je suis tombé amoureux d’une ligne), Cabinet des fonds précieux, Musée du quai Branly, Paris © Emilio Azevedo
Image d'archive, focus sur des jambes tatoués
Rondônia (Comment je suis tombé amoureux d’une ligne), Cabinet des fonds précieux, Musée du quai Branly, Paris © Emilio Azevedo
Un militaire regarde une fresque murale où est peint un des visages d'hommes d'armes
Rondônia (Comment je suis tombé amoureux d’une ligne), Musée d’Histoire de l’Armée, Fort de Copacabana, Rio de Janeiro © Emilio Azevedo
Couverture du magazine Fisheye #74
170 pages
7,50 €
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