Le 4 septembre, le Prix Carmignac a révélé son lauréat au public : Tommaso Protti. Celui-ci a parcouru durant six mois le territoire amazonien, capturant l’incroyable complexité d’un espace en crise.
Depuis 2009, le Prix Carmignac défend le photojournalisme, en offrant à ses lauréats une bourse d’une valeur 50 000 euros lui permettant de réaliser un reportage de terrain de six mois. Pour la 10e édition du concours, la Fondation avait proposé aux candidats de se consacrer à un lieu unique : l’Amazonie. D’une superficie de 5 500 000 km2, la région représente à elle seule 70% de la biodiversité mondiale, abrite un dixième des espèces terrestres et accueille 30 millions de personnes. Pourtant, le poumon vert de la planète se fragilise. Une vulnérabilité accentuée notamment par l’activité humaine – émissions de gaz à effets de serre, érosion des sols, destruction de la biodiversité – et les incendies qui ravagent depuis quelques semaines la région. Présidé par Yolanda Kakabadse, ancienne ministre de l’Environnement de l’Équateur et ex-présidente de l’association WWF, le jury du Prix Carmignac a récompensé son lauréat 2019 le 4 septembre, lors du festival Visa pour l’image.
Le récit d’un monde en crise
De janvier à juillet 2019, le photojournaliste italien Tommaso Protti, accompagné du journaliste britannique Sam Cowie, a parcouru des milliers de kilomètres à travers l’Amazonie, de Maranhão à Rondônia en passant par Para et l’Amazonas. Un périple éclairant les crises sociales et humanitaires jonchant le territoire. « Je souhaitais illustrer les transformations sociales en dénonçant le massacre et la destruction qui ont actuellement lieu dans la région », précise le photographe.
En portant un regard sans préjugé sur l’espace qu’il découvre, celui-ci fait le récit d’un monde en crise, s’enlisant dans la surconsommation et l’expansion agricole. Au cours de leur voyage, les deux hommes rencontrent des activistes indigènes, des cartels s’affrontant pour le contrôle du marché de la cocaïne, des Vénézuéliens fuyant les conflits ou encore des paysans activistes risquant leur vie. Dans ce contexte bancal et effervescent, Tommaso Protti parvient à capter l’ordinaire : les coutumes, les fêtes, les croyances et les amours passagères des êtres qui croisent son chemin. Un travail complexe, montrant le théâtre des relations humaines dans une nature précieuse courant à sa perte.
© Tommaso Protti pour la Fondation Carmignac