À Seyðisfjörður, à l’est de l’Islande, l’établissement indépendant LungA propose de repenser l’apprentissage et la création comme un rapport à soi. Immersion avec la Danoise Emma Egede Skafte, 24 ans, ancienne élève de l’école et photographe, qui signe avec A Journey through the Fjord un reportage intime. Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.
« Je crois que la photographie consiste à raconter sa propre histoire tout en parvenant à faire ressentir des choses. Être photographe? C’est être anarchiste et audacieux. C’est aussi déclencher des frissons »
, explique Emma Egede Skafte, 24 ans, étudiante en deuxième année à la Danish School of Journalism (DMJX) à Copenhague, au Danemark. Il y a trois ans, à Seyðisfjörður, un village situé dans un fjord, à l’est de l’Islande, elle a suivi un programme artistique au sein de l’école LungA, un antre de l’anarchie justement. Durant trois mois, artistes, philosophes et autres rêveurs y ont animé des ateliers autour de la créativité.
« LungA est un tourbillon d’émotions et de créations. On y apprend à explorer notre passé pour appréhender l’avenir. On nous invite à puiser dans nos expériences », précise la jeune artiste. La seule consigne? « Tout déchirer pour tout remettre en place. (…) Durant mon séjour, j’ai beaucoup expérimenté : j’ai gardé le silence durant vingt-quatre heures, j’ai vu des aurores boréales et j’ai recréé des souvenirs. J’ai aussi nagé dans l’eau glacée, creusé une grotte et construit un instrument de musique avec de la ferraille trouvée dans une décharge. Je me rappelle enfin du moment où mon ami s’est déshabillé durant une exposition et a crié vers le ciel, ajoute Emma Egede Skafte, avant de poursuivre. S’il est impossible de se connaître pleinement, j’ai l’impression d’avoir trouvé une partie de moi à LungA. »
Accepter les règles de la nature
Là-bas, les étudiants recherchent leur propre vérité et apprennent à la révéler pendant le temps de création. Ils réapprennent aussi à accepter les règles de la nature : l’école est située dans un cadre idyllique. En témoignent d’ailleurs les photos d’Emma. « J’ai photographié les personnes avec qui j’ai partagé cette expérience. J’ai également essayé de capturer l’ambiance du lieu. Je veux que le regardeur, en visionnant mes images, sente l’exploration et la curiosité en même temps que la confusion et la sauvagerie ». A Journey through the Fjord apparaît comme une tentative de « sous-titrer » cette expérience complexe et ô combien fertile au sein de l’établissement islandais – un espace idéal pour se ressourcer, se détacher d’un monde où le résultat importe plus que le chemin, et transformer ses perceptions. Pour intégrer l’école, rien de plus simple, il suffit d’avoir « l’esprit ouvert, un cerveau créatif, l’envie d’explorer et de convaincre Jonathan ou Lasse, tous deux créateurs et professeurs à LungA, lors d’un entretien via Skype », engage Emma Egede Skafte. Avis aux amateurs !
Cet article est à retrouver dans Fisheye #39, en kiosque et disponible ici.
© Emma Egede Skafte